lundi 28 mars 2011

Larmes














J'ai pleuré des larmes,
aurores de sang,
blessures béantes
et mordu mes lèvres

J'ai couvert mon visage,
et cousu mes paupières

j'ai brûlé mon ventre
et, par le feu,
j'ai effacé mon nom

 je me suis fondue dans les néants
abominations
et punitions

j'ai hurlé à en briser
tous mes murs

je suis morte

Ne le sens tu pas?

Salomé

AP

Nous voilà de retour après cette longue absence. Absence temporaire, juste pour prendre le temps de souffler un peu dans nos vies de femmes. Car être femme, naître femme, vivre femmes, dans notre pays est un long parcours du combattant.
Un parcours fait d'hypocrisies, de lachetés mesquines et de renoncements.
Vous nous avez infantilisées à tel point que vous avez oublié que nous sommes. Que nous existons en tant qu'humaines de chair, de sang, de larmes.
Nous avons choisi d'être femmes libres de toute prétendue morale assassine. Envers et contre tout. Surtout contre tout.
Le prix de cette liberté est si lourd à porter!
Nous avons cajolé nos vies entre amours et amis, amants et confidents.
Ces amis / confidents qui, un jour, se révèlent aussi être comme les autres de cette société qui a fait de l'hypocrisie l'unique manière de vivre. le non dit comme seule sortie...
Ces amis hommes qui, une fois qu'ils sont accompagnés de leurs femmes, par exemple, font semblant de ne pas nous connaître ou bien qui, dès lors qu'ils sont avec leur "officielle", ne décrochent pas le téléphone.
Comme si être des femmes seules ( choix assumé) signifie être des putains à cacher.
Cher AP gagner son droit de femme est si lourd!
Chez nous dire sa liberté, la revendiquer, aimer l'amour fait ,que nous sommes marquées au fer infamant du rejet.
Et pourtant ne sommes nous pas belles, nous ces femmes d'envies?
Ne sommes nous pas le rêve caché, le fantasme tendrement gardé au fond de vos mémoires? ce doux regret de ce qui aurait pu être et qui ne sera pas...
AP, ne sommes nous pas dans ta mémoire?
Ce soir nous sommes justes repliées sur nos désarrois face à tant d'incompréhension.
AP, quand pourrons nous juste poser nos têtes, fermer nos yeux et, enfin, souffler doucement sur la brume de vos mémoires?
Regardez nous, nous femmes de Mauritanie. Regardez nous replier nos mains sur vous nos hommes.
Salomé et Dalida