vendredi 30 septembre 2011

Rondeurs...



Il est trés à la mode, chez nos jeunes et moins jeunes femmes, de se mettre au régime. Tous les régimes : des plus farfelus glanés dans des magazines aux plus sérieux sous surveillance médicale.

Régime et sport sont les nouveaux crédos féminins. On pourrait rajouter " hommes" : régime + sport + hommes. Car, évidemment, en ligne de mire, en pochette surprise, L'Homme, l'homo mauritanicus, fin en soi dans nos imaginaires emprisonnés. La course à la minceur comme argument érotico amoureux...

De salades grignotées, en carotte vapeur, en passant par les haricots verts, les jeuns, les marches au stade Olympique...cette génération là se construit une image de soi toujours et encore prédéfinie par le regard masculin et les présupposés fantasmes que ce même regard aurait sur l'idéal féminin.

Nos femmes se pensant au travers de regards masculins qu'elles pensent être des réalités, se mettent, à l'image de leurs consoeurs occidentales, à martyriser leurs corps. Découvrent ( vraiment?) la mauvaise image de soi, la déconstruction mentale.

Elles fabriquent des envies masculines. En se détricotant...


Pourtant que le moelleux est beau. Il est, dans ses rondeurs, érotique, envies, chatouilles.

La femme charnue / charnelle, celle des poètes, n'est elle pas belle dans cette plénitude infinie des chairs? Elle est bateau, rivière, voyages, frissons.

Elle est monts, vallées, creux, sources, odeurs, caresses. Elle est la découverte perpétuelle des infinités que la chair peut dévoiler.

Elle est voyage des yeux, des mains ,des lèvres. Elle est ce ventre rond qui rappelle les maternités et la douceur des eaux utérines. Elle est l'attache des épaules douces et sensuelles.

Cette femme charnelle est comme une vague sur le sable : elle enveloppe, elle efface, elle ramène.

Elle est seins magnifiques dans leur arrogance étalée.

Elle est croupe tout en rebondis.

Elle est cuisses voluptueuses, satin des envols. Elle est cette nuque qui ploie derrière un voile ou un foulard et qui appelle un baiser.

Elle est mollets ronds.

Elle est ce pli à la taille, émouvant dans son imperfection.

Elle est cette trace sur la peau, cette vergéture, "coulée de lait" de nos poètes, qui a été tant et tant chantée et qui griffe, le temps d'un instant, la soie de la peau, petit animal impertinent qui nous rappelle nos faiblesses.

Elle est ce corps sur lequel les mains d'un homme se promènent, tout en gestes sensuels. Elle est ce corps qui chante.

Erotisme des voyages à l'infini de nos chairs impudiques et pourtant si douces...

Salomé et Dalida






dimanche 25 septembre 2011

Mes yeux en médaillon...











Amoureuse envie

amoureuse coquine

amoureuse mutine

amoureuse souffles

tes mains dans mes cheveux


Mes yeux en médaillon

tes yeux en miroir


frissons de ton soupir

cou déployé

tes mains en coupe

ambre

houle


mes yeux en médaillon

tes yeux en miroir


le long chant de la peau

posée sur tes lèvres

arômes

touchers

ma bouche sur tes chants


mes yeux en médaillon

tes yeux en miroir


cheveux fleurs

chatouillis, friselis

doigts et sueur

sur ma langue les murmures

nous


mes yeux en médaillon

tes yeux en miroir


Salomé

Elle est...



J'ai, il y a maintenant longtemps, accompagné une femme qui m'était chère dans ses derniers pas sur cette terre et le voyage vers un nouveau monde. J'ai tenu sa main et écouté son souffle laborieux tenter de sortir de ses lèvres. j'ai vu ses yeux fermés et regardé son visage vieilli, où chaque ride racontait un combat de sa vie. J'ai humé son souffle et posé mes doigts dans ses cheveux. Je lui ai parlé doucement, ne sachant pas si elle m'entendait mais,MOI, il me fallait dévider ma douleur pour lui dire mon amour et ma terreur de la voir s'en aller.

Et je suis restée là des heures, écoutant ce râle de fin, ce râle qui n'en finissait plus.

Et je l'ai regardée. Jamais je ne l'ai autant regardée, cette femme qui était mienne alors, qui était devenue l'ombre d'elle même et qui terminait sa vie dans l'inconscience de l'étouffement.

Et je lui ai parlé. Parlé. Parlé à en pleurer.

Je lui ai égréné ses multiples vies, ses rêves brûlés, ses amours fanées. J'ai fermé les yeux et l'ai entendue me chuchoter sa vie et ses regrets et ses espoirs.
Dans son agonie, elle m'a brodée sa vie. Enfant, petite fille, jeune fille, jeune femme, femme mure, femme vieille. Elle m'a dit les mondes possibles ouverts à ses yeux de petite fille. Elle m'a dit les rêves d'amour et les yeux d'un homme, les rêves de mariage, les rêves d'envol.

Elle m'a dit le frisson et l'envie.

Elle m'a chuchotée ses brisures, les rides témoins de ses douleurs, les cheveux qui blanchissent, les sourires forcés.

Elle m'a frôlée avec les images de ses mains devenues vides quand ses enfants ont quitté sa maison .

Elle m'a promenée dans sa fidélité à un homme qui, innocemment, n'entendait pas.

Elle m'a racontée la soumission aux convenances et les sourires forcés, et les larmes rentrées, et le corps pris de frissons...quand l'envie d'ailleurs se faisait trop forte.

Elle m'a parlée de la mort de sa mère. De cette femme qui lui cachait ses larmes et l'a brodée la plus belle des mariées.

Elle m'a pleurée la mort de son premier enfant, cette douleur qui ne s'efface jamais, portée au fond du ventre comme une offrande expiatoire, un calice de douleur jamais apaisé.

Elle m'a racontée les grandes mains de son homme et son souffle et ses mots et ses maladresses.

Elle m'a tissée des chansons d'amour, venues d'un autre temps, ses envols à la voix d'une griotte depuis longtemps disparue.

Elle m'a humée dans le cou et m'a remplie du parfum qu'elle portait.

Elle m'a ouvert la bouche et a gravé sur ma langue tous ses rêves.

Elle m'a abandonnée au bord de sa solitude, étendue derrière ses paupières fermées.

Elle est....


Salomé.









vendredi 16 septembre 2011

Et la tendresse?



Une amie nous disait l'autre jour qu'elle enviait une amie à elle qui est mariée à un français. Non pas parce qu'elle était mariée à cet européen mais parce qu'elle découvrait une autre façon d'aimer. Une autre façon que cet homme là avait d'aimer sa femme. Une façon si différente de la notre en cela que l'expression de cet amour passait par mille petits gestes tendres, d'apparence insignifiante, mais si émouvants : le petit bisou dans le cou au passage de la femme, la main qui se pose sur une épaule dans la discussion, les doigts qui remontent une mèche, l'effleurement...Toute cette gestuelle amoureuse qui suggère et qui recrée la femme.

Chez nous la plupart de nos hommes, tout amoureux qu'ils puissent être, ne connaissent pas ces choses là de l'amour quotidien. Cette ignorance les rend parfois maladroits.

Les gestes d'amour ne sont donnés qu'au moment de l'envie sexuelle. Après, c'est souvent, dos tourné, précipitation pour des ablutions soignées, comme si le sexe était sale et méritait, dès assouvissement, purification.

Rarement des mots, des envols, des chuchotis, tous ces petits trucs qui, même s'ils sont fleurs bleus, possèdent néanmoins un fort pouvoir amoureux.

Les mille et un gestes de la tendresse : petits cadeaux, coups de fil, gestes, tête posée sur une épaule, niaiseries propres aux gens qui s'aiment...

Il serait temps que nos hommes se convertissent à la "politesse amoureuse", aux jeux erotico/amoureux, aux petits trucs qui mettent de l'électricité sur la peau, aux chatouillis....

Salomé.






Femmes, "honneur", fantasmes...



"La femme est l'honneur de son homme, l'honneur de son clan, l'honneur de sa tribu". Ce sont les mots d'un ami lors d'une de nos éternelles passes d'armes oratoires entre ami(e)s. Et nous revoilà plongés dans une de ces discussions passionnées sur le fait d'être femme, le ressenti, la perception qu'ont de nous les mâles de notre pays.

Rien ne change jamais n'est ce pas? Femmes/honneur. Femmes/gardiennes. Femmes/vestales. Femmes/sacrées. Jamais "femmes" tout court, tout simplement. Femmes.

Carapaces après carapaces, comme des armures pour conjurer, les couches des fantasmes masculins projettés sur nous, nous emmurent. Car, pour placer les femmes au coeur d'un présupposé honneur, il faut bien qu'il y ait impuissance des codes.

Le fait de posséder un ventre fertile, un sexe, des seins, nous placerait il donc au centre des tous de nos sociétés patriarcales?


Si "l'honneur" d'un groupe social est défini par ses femmes, alors la bêtise de ce même groupe est définie par les hommes.


Pourquoi cet acharnement à nous enfermer dans des bulles imaginatives où toute liberté d'action et de pensée est quasiment blasphématoire?

Quand on fait de "ses" femmes le symbole de la bonne marche et de la cohésion sociale, il n'y a plus place pour l'individu.

La femme n'est alors que ce bel objet de désirs, aimé, fantasmé, chéri, chanté, courtisé, touché du bout des envies secrètes. Elle n'est perçue, alors, que comme objet sexuel, prompt à faire chuter " l'homme de bien" qui passerait sa vie à lutter contre les démons.

Nos hommes peuvent se promener de bras en bras, tromper leur femme, chercher à exister dans les mille regards féminins qui croisent leur route. Mais leur femme ou leur soeur ou tout autre membre féminin de leur groupe familial ou tribal est condamné à rester "sage" pour ne pas "souiller" un nom à qui on a donné tous les attributs d'un honneur dont personne n'est réellement capable de définir le contenu.


Car tout est sexe chez les humains. De l'enfant qui tête sa mère aux codes de comportement entre hommes et femmes, il y a toujours, en toile de fonds, la sexualité. Non pas celle dont s'abreuvent certains, le sexe porno, sali, déroutant et dégradant. Mais la sexualité comme moteur des relations humaines.


En enfermant les femmes dans des prisons vestimentaires, en les confinant à une place unique de femme/mère/gardienne, les hommes ont trouvé le moyen d'assoir une présupposée supériorité.


En les enfermant dans des codes sociologiques qui les nient, nos hommes ont fait de leurs femmes et filles des statues figées.


En les enfermant dans des projections machistes ils les ont dénaturées.


Et, surtout, ils les ont ligotées : l'honneur primant sur tout, ces femmes sont devenues l'exutoire de toutes les rancoeurs, de toutes les jalousies, de tous les manques et de tous les désirs refoulés.


Victimes, bourreaux.

Danse de désirs et de répulsions. De vie et de mort.

Comment en sommes nous arrivés à tuer symboliquement nos femmes?



Salomé.