mardi 10 novembre 2015

Recommence....













J'ai la houle en héritage
ressacs profonds, chants des sables,
coquillages qui disent, à l'oreille sertis

J'ai les vents qui grondent, colliers dans mes cheveux,

J'ai le livre des mémoires, noms, obscurité, temps anciens,
écritures en larmes, poésies des femmes,
un mot, le mot unique, celui qui chuchote

J'ai les pistes et les arbres, j'ai mes pères, ma mère, lignées

J'ai les regards de la nuit, abandonnés aux étoiles, là-bas,
ici, ailleurs, pierres et flammes, naissances,
sépultures des petits matins, quand l'absence devient présence solitaire

Je suis morte des milliers de fois, dans l'heure violette de la solitude,
face à mes histoires, mains vides et peur au ventre accrochée

j'ai les campements des crépuscules, bracelets de cheville,
la ligne aiguë des minarets dans l'incandescence des jours de feux,
silhouettes brumeuses des hommes qui marchent

J'ai mes corps en dessins de lune sur l'arrondi des dunes

Fille des quatre points cardinaux, fille des tentes, femme sans lait,
mes doigts sur la courbe d'une épaule, lenteur d'une minute d'amour,
libre, libre, libre à en déchirer le coeur

Je suis née des milliers de fois, dans la folie des mers qui partent et reviennent

J'ai l'amour en espérance, touche moi, prends moi, rêve nous,
amant de l'aube, lumière blanche de la musique, encore, encore,
écris sur ma main les petits rires de ceux qui ne vivent que dans la chaleur de l'obscurité

J'ai marché , marché, mes chemins d'envies, mes chemins de douleur,
corps en danse perpétuelle, eux assis aux bords des routes,
oh leurs voix

Dans l'implosion, dans mon néant, dans ces histoires qui sont miennes,
j'ai posé ma bouche à la source

Et j'ai murmuré : " recommence....."

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Mohy Elrayes )

lundi 9 novembre 2015

Langueur..











Mettre des couleurs sur une voix, un souffle, un rire,
dessiner aux murs du ciel

Dans la paix première, celle d'avant les lames de fonds, les grandes tempêtes,
vagues mousseuses, venues de derrière l'horizon,
revenir, respirer, reprendre ce lent battement du coeur

Il y a les vents ocres qui dessinent les sangs

Je pose mes doigts sur la voix qui murmure,
celle qui me dit.
Je l'enferme dans ma paume
Je souffle dessus
J'y grave les notes endormies du frisson sur la peau

Dans ma maison aux murs de papier
j'ai ouvert la porte et le vent, le vent qui vient de l'autre côté des mondes,
le vent me raconte les histoires des enfants heureux
et rend à la langue ce que la bouche a oublié
                      
Absolu

Dans cette minute suspendue allongée au creux de mon cou
je pose ma mémoire et ton rire

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Gerhard RICHTER)