Que murmurent les chameaux à l'oreille des hommes?
Que disent-ils à l'homme assis à la porte de la ville?
Dans les soupirs portés par les vents, j'entends les mots,
les mots qui racontent la mémoire,
les mots tannés, brûlés, les mots aux yeux ouverts,
les mots qui dorment sur la langue
J'entends celle qui sommeille, la main sous la joue,
allongée à l'ombre de la paroi de pierre,
ses cils dessinent la piste ancienne
Que murmure le souffle de l'enfant qui joue?
Que dit-il à la femme qui se réveille?
Dans le crépuscule qui s'en vient, je deviens mirage,
et je lève mes mains vers le ciel,
le silence se pose et je vois ce qui vient,
poussière d'ailleurs.
J'ouvre ma bouche, je suis celle qui danse,
la lune a posé ses yeux sur moi,
elle me dit " regarde, vois, vois, vois encore plus loin, vois la ville là-bas, vois ses hommes...."
Entends leurs chants invisibles, laisse les se poser sur tes cils,
qu'ils deviennent colliers et bracelets de chevilles,
et perle, et poèmes.
Qu'ils chuchotent dans l'ombre de leurs tombes, qu'ils te racontent leurs noms.
Que murmurent les dunes au cou des hommes?
Que disent-elles à ceux qui partent au loin?
A ma main se pose un voile bleu, et l'oiseau s'envole,
couleur des oasis, eau, palmiers, puits, silhouettes des pas,
je tisse ma mémoire, tapis et coussins, cuir et selles,
j'ai l'horizon qui m'appelle
Je sème les contes, je suis celle qui parle aux morts miens,
je suis assise à leurs pieds et je pose ma joue à leur joue,
ils me disent, ils me disent, ils disent " fille, femme, enfant notre...."
Que murmure le Gaf imperceptible, celui des yeux, celui de l'âme,
Que dit-il à la femme endormie sur la natte, cheveux déployés?
Que murmure la dentelle du minaret dans la splendeur du jour?
Que dit-il à la femme qui arrive à la porte de la maison?
Que me dit l'homme qui dort contre la femme?
Que dit-il dans ses rêves?
Dans le silence d'une minute infinie, je pose mon front sur mes immensités,
je suis sables, dunes, points cardinaux, horizons, campement,
départs, départs, départs....
Que me murmure le chameau aux yeux tristes, à mon oreille orpheline?
"Va....et ne reviens pas du pays qui est...."
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Lionel SMIT)
vendredi 26 février 2016
dimanche 21 février 2016
Dis leur...
Et quand tu les rencontreras, au détour d'une piste ocre,
dis leur les jours d'éternité,
dis leur que je suis leur fille, chair et sang,
parle leur de cette femme qui est debout face au monde
et qui dessine, sur les parois des montagnes,
les lignes de son sang, la mémoire de ses noms...
Dis leur l'immensité de soi dans le repli des sables
et l'enfant qui danse aux vents de l'Est
Quand aux pas des chameaux tu murmureras les poèmes,
récite la prière des voyageurs, pour les choses qui commencent
et pour les histoires racontées la nuit à la lueur des feux,
dis leur que dans l'ombre des tentes les femmes tissent les étoiles,
elles chantent le lait, les étoiles, les mains devenues oiseaux
Dis leur le souffle brûlant qui monte de l'horizon,
et les hommes enroulés en chapelets
Sur les paupières brûlées, à l'orée des puits infinis,
dis leur que je suis là, en mémoire d'eux,
dis leur que je brode mes contes,
dis leur que leur fille chantonne aux pas qui viennent,
qu'elle invente demain, et encore demain,
dis leur qu'elle est passé et demain
Dis leur que cette femme a enfanté les chuchotis de la nuit,
et qu'elle est cette griffe sur la poussière
Et quand à l'ombre d'un regret, dans la dentelle d'un minaret,
à l'eau d'une oasis, tu écouteras leurs noms déroulés,
tu prendras dans tes mains ces silhouettes odeurs des caravanes,
dans l'instant suspendu à la porte de ceux qui sont enracinés à la terre,
dis leur qu'ils sont miens
Dis leur qu'ils sont miens, dans la rondeur de leurs libertés....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Souleymane Abbas)
dis leur les jours d'éternité,
dis leur que je suis leur fille, chair et sang,
parle leur de cette femme qui est debout face au monde
et qui dessine, sur les parois des montagnes,
les lignes de son sang, la mémoire de ses noms...
Dis leur l'immensité de soi dans le repli des sables
et l'enfant qui danse aux vents de l'Est
Quand aux pas des chameaux tu murmureras les poèmes,
récite la prière des voyageurs, pour les choses qui commencent
et pour les histoires racontées la nuit à la lueur des feux,
dis leur que dans l'ombre des tentes les femmes tissent les étoiles,
elles chantent le lait, les étoiles, les mains devenues oiseaux
Dis leur le souffle brûlant qui monte de l'horizon,
et les hommes enroulés en chapelets
Sur les paupières brûlées, à l'orée des puits infinis,
dis leur que je suis là, en mémoire d'eux,
dis leur que je brode mes contes,
dis leur que leur fille chantonne aux pas qui viennent,
qu'elle invente demain, et encore demain,
dis leur qu'elle est passé et demain
Dis leur que cette femme a enfanté les chuchotis de la nuit,
et qu'elle est cette griffe sur la poussière
Et quand à l'ombre d'un regret, dans la dentelle d'un minaret,
à l'eau d'une oasis, tu écouteras leurs noms déroulés,
tu prendras dans tes mains ces silhouettes odeurs des caravanes,
dans l'instant suspendu à la porte de ceux qui sont enracinés à la terre,
dis leur qu'ils sont miens
Dis leur qu'ils sont miens, dans la rondeur de leurs libertés....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Souleymane Abbas)
jeudi 4 février 2016
Etrange étrangère...
Être monde, chair du monde,
sang du monde,
s'inscrire en mots étranges,
être moi et celle là,
devenir elles, devenir lettre
Être dedans et ailleurs,
demander pardon,
toujours,
au-delà des silences des coeurs
Être grain de poussière et tempêtes,
dormir sur ta paume,
enroulée dans la douceur de nous,
étrange étrangère,
être
Être le ventre des mondes,
cosmos et étoiles,
petits des hommes,
femme et enfants
Être le chemin des vents,
rédemption, rédemption,
offrir ce qui vient en lignes d'horizon,
être notre, et tienne et vie,
s'envoler dans la splendeur d'une minute
Être chair du monde à ta parole arrimée,
être chair, chair,
étrange étrangère
au miroir de tes yeux ouverts aux lointains,
m'ancrer à la mémoire des sables
Etrange étrangère
Toi en ma vie, étrange étrangère,
amour des jours, à l'aube de tout
je deviens celle ci, en renaissance,
et nous, et toi, toi, homme mien
qui ouvre la cage et libère l'oiseau
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Joan MIRO)
Inscription à :
Articles (Atom)