dimanche 30 décembre 2018

Terre Mer...














De mémoire et de poussière des chemins
nous voilà endormis dans le lointain
là où la terre parle à l'eau

Et moi je ramasse la poussière et la mémoire
je veille
j'éveille

Je prends la poussière et je construis un corps
morceaux par morceaux
chemin inversé
le délié d'une main
la courbe d'un cou
un caillou ramassé au bord de la mer
et un oeil s'ouvre

Je prends la poussière et le chemin et le corps
je pars vers la mer
je pars vers la nuit
je pars suivre la lumière d'un phare

Et moi je ramasse la mémoire
j'y pose le corps reconstruit de la poussière et des chemins
Je ne rends pas la mémoire à la poussière
Non
je rends la mémoire à la vie

Un galet, une algue
odeur de la peau
sel pour une langue enfuie de la poussière

Et moi je ramasse la poussière et la mémoire

Ma mémoire s'ouvre mer
chemin côtier
ports et bateaux
vents

Et moi je ramasse la poussière et la mémoire
étoiles d'homme, éclat

Je pars vers la mer
je pars vers la nuit
je pars suivre la lumière d'un phare
et j'efface la poussière
je pars vers la mer
je pars vers la nuit
je pars vers l'aube

Poussière et mémoire
corps
yeux

Je pars vers la terre mer
retrouver l'oiseau
et la mémoire et la poussière

Phare

Mariem mint DERWICH

(Artiste photographe : Ronan)

jeudi 13 décembre 2018

Le silence des larmes...

Où vont les larmes que l'on ne verse pas?
Celles que l'on encage sur le temps
celles que l'on suspend sur la corde à linge de la parole perdue...
Où vont-elles ces larmes?
Elles viennent du début de la route...
du monde à l'envers, du monde à l'endroit
de la blessure de la terre, du limon qui est chair du coeur.
Elles sont le chemin inversé, l'aride, la mer vidée de ses marées

Où vont les larmes que l'on ne verse pas?
Voyagent-elles, usées par les barreaux,
dans d'autres yeux, sur d'autres joues?
Voyagent-elles en nous, malgré nous, envers nous, contre nous?

Où vont les larmes silencieuses
et les cris
et la plainte
l'absurde et le doux?

Les larmes s'étouffent de pleurer
dans le silence
le grand silence
l'immense silence
le silence des pierres
le bleu des cachets et de l'insomnie

Où vont les larmes que l'on ne verse pas?

Au bout de la larme qui ne se pleure pas
un corps... un désert, un cactus qui se rêve cascade liquide
un corps...


Mariem mint DERWICH