mercredi 26 octobre 2016

A la mer je retourne












Ecrire parfois en minuscule,
en horizon,
en virgules,
en points,
en petits riens

Inhabitée, habitée

Au bout d'un cil j'ai accroché la mer
rideau de pluie, rideau d'eau

Inhabitée, habitée

Dans le temps spasmes, le temps de rien,
j'enferme en ma langue mon nom

Inhabitée, habitée

Aux lointains des mots j'entends les silences,
mon absolu, ma rédemption

Inhabitée, habitée

J'ai le coeur en banco, en argile, en sables, en dunes,
toujours ce battement qui s'enfuit

Inhabitée, habitée

l'éphémère, l'imperceptible,
trace d'un oiseau sur l'ombre de mon corps,
mots à mots, silences à silences,
je ramasse les vents morts,
je les tresse à mes cheveux,
à la vie, à la vie,
et mon âme devient orphelinat

Inhabitée, habitée je suis,
balbutiement d'une inspiration

je referme le rideau de pluie, le rideau d'eau

Inhabitée, habitée

Et à la mer je retourne.

Mariem mint DERWICH

(Artiste Mustapha BELKOUCH)


lundi 24 octobre 2016

Chanson du vent













A cet instant là, silence perlé,
il y aura le dire, il y aura le chanter
Juste à cet instant là, soyeux et pointu

Aux yeux fermés la nuit donnée,
il y aura le boire, il y aura le murmurer
la langue comme un soupir

A ces silences, à l'eau qui danse,
il y aura le caresser, il y aura le frissonner,
fermer le regard, ouvrir le regard

A ces mains qui s'endorment,
il y aura le raconter, il y aura l'aimer,
en l'âme devenir

A ces sommeils qui s'agitent,
il y aura l'arrondir, il y aura le dessiner,
un dormeur rêve qu'il s'envole

A ces crépuscules arc en ciel,
il y aura le réciter, il y aura l'enchâsser,
au pli du cou arrondir le souffle

Au corps, sable et vagues,
il y aura le broder, le désirer,
la peau désert à traverser

Et, au milieu d'un mot silence,
n'être plus que le bruit du vent
dans la vague qui s'en vient

Sur les murs, paumes ouvertes,
j'ai goûté le sel,
grand blanc de ce qui fut.

Mariem mint DERWICH

(Photo prise par moi)

mercredi 5 octobre 2016

Ne pas dire, ne pas écrire, écrire....

Y-aurait-il une écriture des impossibles? une langue qui ne soit pas langage  mais symboles? Quelque chose qui ne commencerait pas et qui ne finirait pas, juste un entre-deux, un moment fugace où le multiple redeviendrait unité...
Ancrage d'une syllabe muette, onde d'une apostrophe, musique d'une majuscule, délié d'un point d'interrogation...tout un monde de symboles sans qu'il y ait forcément sens mais qui donnerait à ce qui court sous la peau l'apparence du vivant.
Il faudrait écrire et brûler aussitôt les mots. Et recommencer, recommencer, arpenter l'univers fait page blanche, aller encore plus loin, tellement loin qu'arriverait enfin l'évaporation de soi...
De mots à mots, jamais prendre, jamais tenir, mais donner un souffle à ce qui monte de cet espace liquide que nous sommes, ce lieu d'eaux et de profondeurs, ce lieu matrice où tout se crée, se dé crée, se recrée, infiniment....
Fouiller dans les algues, descendre, descendre... Sans langue, sans paroles, sans langage. juste ce scintillement fugace. Ne pas dire, ne pas écrire, écrire...
Une vie d'écriture sans écriture et, à la fin, retrouver sa parole, juste pour le dernier mot, celui qui mûrit en nous toute notre vie , que nous ne percevons pas ou si peu, écho lointain d'une peur, d'un amour, d'un instant...Ouvrir la bouche sur ce mot ultime et fermer les yeux....

Mariem mint DERWICH

Silences...









Le monde s'endort au bout du silence...
Des silences à souffler sur ses doigts,
à entendre nuages et ailes,
des silences et des vents,
des arbres, battements, abîmes...

Mariem mint DERWICH

mardi 4 octobre 2016

L'Atlantide...

Il y a , dans l'écriture, comme un silence.
L'écriture qui ne serait que silences, comme un renoncement de soi, à soi, du monde, des autres, des pensées....Annihiler la pensée, ce fatras qui cogne le cerveau et qui, contradictoire, rend l'écriture possible.
Poser le mot, le poser ultime. Et à partir de cet ultime, encore un mot, un autre mot ultime...De derniers mots en derniers mots, pensée inversée.
Délimiter ce qui ne l'est pas pensent certains.
Non.
Ecrire c'est l'océan, c'est liquide. Accepter cet infini fait d'eau, de vagues, d'abysses, de lumières, d'obscurité. Les grands fonds quand on s'efface.
Mise à distance de soi...
Poser l'écriture comme une langue, particulière, secrète, cabalistique, signes et percepts, affects .
Pour écrire accepter que rien n'est...
Et la solitude, absolue, celle qui donne une texture à ce silence qu'est l'écriture.
Il y aurait un mot premier et un mot ultime. Là, en filigrane de cette langue des grands fonds qu'est l'écriture.
Que faisons-nous en écrivant, si ce n'est chercher ces deux mots, derniers mots après derniers mots, retours et départs?
L'écriture tangue. L'écrivain devient marin, arpenteur des infinis, courant après les horizons qu'il entend, qu'il perçoit.
Il n'y a pas de ports dans l'écriture, il y a juste des escales, celles du questionnement, des hypothèses, des réponses imparfaites.
Des escales où, malgré nous, le soi devient mémoire, dissonance.
On n'écrit pas  pour se débarrasser, on écrit pour s'assembler, se désassembler, expiation à l'envers, douloureuse mais vitale.
Oui, c'est ça, expiation...Expiation et rédemption. Le grand foutoir de l'intellect, le cirque du monde quand ne nous sont nécessaires que le silence et la solitude.
Penser, ne pas penser, écrire, ne pas écrire, être, n'être, n'appartenir, appartenir, inspirer, expirer.
Ecriture de la verticalité pour redevenir horizontalité...
La minuscule de nos vies tramée en majuscule de solitudes et de silences.
Et, toujours, cet entre-deux, cet entre-îles, cet entre-respiration, qui se fait lien et infini.
L'écriture c'est l'Atlantide...

Mariem mint DERWICH