mardi 18 septembre 2018

Amour, amour mien,
de présences en absences, une histoire ré inventée au fil de ces allers retours, de ces départs et de ces retours, comme des vents qui tourneraient sans fin, cherchant à dépasser l'horizon.
De mes sables des Sud, de tous mes Sud, à tes Nord où tu es reparti, encore une fois... Et notre lettre infinie pour moi qui regarde vers là-haut où tu tu es. Ployer la tête encore et encore pour que mon regard traverse les déserts, la mer et se dépose dans cet autre moi là bas, tout là haut, en ton bout de terre fait île...
Tu es ici, tu es là bas, nous une ligne médiane qui lierait un Sud et un Nord, la fraîcheur d'un pays vert et l'âpreté d'un hivernage ici. Une médiane amoureuse, points cardinaux après points cardinaux, une médiane de l'absence. Elle sera courte ton absence mais elle est pointue.
Je t'ai regardé partir il y a quelques jours longs comme des siècles. Et derrière mes yeux je te suis...
Tu me manques. J'aurais aimé m'envoler avec toi, partager avec toi un automne, un frisson de nuits plus fraîches, une mer à longer, des montagnes à arpenter... Quand tu t'assois au bord de l'eau lances-tu tes yeux vers mon Sud?
Me racontes tu mon autre terre, les arbres, un café à une terrasse, les ports du Sud, l'accent des miens?
Tu es là bas. Ton absence est dure. Je suis comme une gosse : je compte les jours de ton retour pour que je redevienne plénitude en ta présence...
Reviens nous vite... Dans la moiteur d'ici j'écris ton absence rouge sang. Orpheline.
Et quand tu seras près de chez moi, près de chez nous, dis leur qu'une femme dans les sables s'invente femme du Nord, qu'elle est prés de toi et qu'elle monte pierre après pierre notre maison de coeur...
À ton retour, quand tu retraverseras la nuit saharienne pour revenir à mes bras, je te chuchoterai une note amoureuse et tu déposeras dans mes mains un peu de cet autre pays qui est aussi mien, là haut. Tu me raconteras les forêts, les feuilles rouges et feu, l'odeur de la mousse, la mer s'assoupissant avant les tempêtes d'hiver, le coucher du soleil sur les montagnes, la voix de ma mère qui dort là bas, l'odeur des figues, l'acide du raisin que l'on ramasse, les vignes qui flamboient, le bruit des châtaignes sous les pieds. Tu me raconteras la mer, l'odeur du sel, nos petits ports endormis, l'odeur des algues, la trace de tes pas sur le sable.
Bientôt tu seras là. Bientôt c'est maintenant. Ce moment d'écriture à 2...
Je t'amour mon homme si mien, si aimé, tant aimé... Je compte les jours.

MMD


jeudi 13 septembre 2018

L'oiseau et la main

Il y a dans ma mémoire le vol d'un oiseau et la main d'un homme qui danse les ailes, le lent arpège d'une vie allongée sur un vent, le mouvement dans l'immobile.
Et la main de cet homme qui raconte l'espace avant le changement de direction de l'oiseau.
Il y a dans ma mémoire cette main qui écrit que sur les vents nous vivons, qu'une falaise n'est qu'un ciel battu par des souffles, que nous devenons devenir oiseau pour que nos mains vivent.
Et la main de l'homme et l'oiseau dansent, dansent pour la femme qui regarde.
Il y a dans ma mémoire cet oiseau paresseusement adossé aux vents, appuyé à l'immense et le murmure de la main de l'homme pour me dessiner le vol de ceux qui sont libres, nés aux vents, renaissants en eux...
Et mes yeux qui regardent l'oiseau et la main de l'homme, juste dans cette seconde avant la seconde, le ballet harmonieux, la longue descente puis la remontée et la main et sa voix pour un livre dans ma tête.
Je n'ai plus de regards. Je n'ai que des paupières closes sur des mémoires pour qu'un oiseau vole et que la main d'un homme encre les vents et leurs marées invisibles, à jamais cette falaise et un murmure à mon oreille.
Et quand je n'aurai plus de paupières je me ré inventerai à nouveau des regards pour l'oiseau et l'homme et tous les vents et tous les horizons et pour la main qui s'est faite ailes et musique.
Alors je repartirai vers l'oiseau et vers la main ailes.Et vers les vents...

MMD