jeudi 12 décembre 2013

Entends...











Laisse tes paupières envelopper les pleins des rêves
les bleus des infinis
les ocres des paroles
les verts des minarets
les rouges des soleils

laisse tes poings contenir les déliés de tes mots
les jaunes des ailleurs
les oranges des crépuscules
les violets des dessins
les indigos des femmes

Laisse tes lèvres humer les vents du large
les émeraudes des vagues
les sépias des coquillages
les safrans des sables
les bleuets des abysses

Laisse tes langues chanter tes mémoires
les feux de la brousse
les charbons des yeux
les arc en ciel de tes cils
les mordorés des peaux

Laisse tes mains en coupe sur ton front
parchemin des chapelets
corail des grains
sanguine des poèmes
azur des tidinit

Laisse le souffle
et l'envol
et renaître
et crier
et l'extase

Ferme les yeux et entends.....

Mariem mint DERWICH




samedi 7 décembre 2013

Donne moi








Donne moi l'urgence
les pas dans la nuit
les rêves cassés
Le pointu de la cicatrice

Et dans ton cou
laisse moi dormir
imaginer
voir
voler

Donne moi la peur
le désir
l'abandon de toutes choses
le couteau de la nuit

Et dans ta paume
laisse moi mourir
fermer
déchirer
enfanter

Donne moi ta bouche
les cris
les pleurs
les coups
la douleur

Et sur tes yeux
me poser
me brûler
l'infini
la terre

Donne moi tes mots
l'absurde
les rires
la langue
les os

Donne moi la femme
et l'homme
et l'enfant
et le ciel
et l'enfer

Donne moi le rien
le petit rien
le caillou
l'oiseau
le feu

Donne moi ta langue
gravure
bêtise
bonbon
amertume

Et dans le néant
corps explosé
déchirée
griffée
la douleur

Donne moi ma faute
péché
abomination
expiations
autres
eux

Et dans ton cou
laisse moi dormir
imaginer
voir
voler
être à nouveau

Morsures...

Mariem mint DERWICH

Vertige....












Tu déroules tes doigts
A mes doigts emmêlés

Touchée
roulée
pliée
éparpillée
caresse

Tu déroules tes doigts
A mes doigts arrimés

Vertige
foetus
partance
vibrés
lavés

Tu déroules tes doigts
A mes doigts ancrés

mouillés
senteurs
livrés
donnés
sueurs

Tu déroules tes doigts
A mes doigts malaxés

Ombrés
liserés
désirés
tatoués
aimés

Tu déroules tes doigts
A mes doigts empoignés

Tu déroules tes doigts
A ma bouche envolée

Expirée

Je déroule mes doigts
A ta peau moiteur

Vertige

Mariem mint DERWICH







mardi 3 décembre 2013

Ancrages...





J'ai la couleur de mes mémoires
tatouages
sangs
paroles

Chansons de mes ailleurs
boucles
mots
chuchotis

J'ai la saveur de mes autres
grands pères
mères
fils

Rondeur de mes lignées
abécédaires
passés
notes

J'ai mes autres en partage
métisse
miroirs
tessons

Lit de mes voyages
tissages
fers
valise

J'ai l'exil de mes riens
pointus
rieurs
effleurement

Petites choses
immensités
souvenirs
gratter

J'ai lui et elle et eux et nous
et moi
et tout
ancrages

Mariem mint Derwich


dimanche 25 août 2013

Il y a dans ma mémoire....















Il y a dans ma mémoire des chuchotis
des corps en aurores
des transparences
des flèches
des yeux comme des oiseaux

il y a dans ma mémoire
des mains qui s'envolent
des bleus et des ocres
des verts et des rouges
des jaunes et des néants

Il y a dans ma mémoire
des douleurs comme des agonies
des ouvertures
des fermetures
des prisons et des coups

il y a dans ma mémoire
des paroles
des cris et des caresses
des douceurs et des caramels
des petites choses

Il y a dans ma mémoire
des départs
des fuites
des enfouissements
des enfantements

Il y a dans ma mémoire
des lézardes
des multiples
des infinis d'espoir
des larmes

Il y a dans ma mémoire
des instants d'amour
langueur des mots
salives
soupirs

Il y a dans ma mémoire
ce JE réducteur
des projections
des images
des refrains

Il y a dans ma mémoire
des métissages
chaînes
angoisses
Bords ébréchés

Il y a dans ma mémoire
des infinis
des cosmos
des Moi en nombre douloureux
impairs

Il y a dans ma mémoire
ventres
vie
suppliques
prières

Dans ma mémoire
l'Autre......

Mariem mint DERWICH

(Tableau : oeuvre de l'artiste Carol Carter)

Ombres













Dans l'ombre des multiples,
Sables
bathas
Marigots
Dunes

Dans l'ombre des multiples,
la déchirure
Zébrure des gestes
Moiteurs
Aspérités

Dans l'ombre des multiples,
Solitude
Le Un comme le Tout
Point sur le ciel
Yeux

Dans l'ombre des multiples,
Sueurs
Sangs
Fermetures
Eparpillements

Dans l'ombre de mes multiples,
Roulée boulée
Sous tes yeux
Etalée
Crachée

Dans l'ombre de mes multiples,
il y a lui et lui et lui
Et moi

Le Un comme le Tout

Dans l'ombre de mes multiples

Rien.

Mariem mint DERWICH

(Tableau : oeuvre de l'artiste Françoise Nielly)

vendredi 17 mai 2013

Maux de moi....


Au commencement de toutes choses il y a cette petite fille en larmes

toute en déchirures et en explosions


Au commencement de toute chose il y a cette petite fille en zébrures

en miroirs à l'infini, démultiplication


Au commencement de toute chose il y a cette petite fille écartelée

en morceaux collés bords à bords


Au commencement de toute chose il y a cette petite fille martelée

sculptée, pétrie, malaxée, infinitudes des gestes


Au commencement de toute chose il y a cette petite fille violences

empoignée, exigée, redessinée à l'infini des autres


Au commencement de toute chose il y a cette petite fille solitude

et peurs, et colères, rouge, sang, griffures


Au commencement de toute chose il y a cette petite fille culpabilité

abandon, questions, pourquoi, comment, où, quand


Au commencement de toute chose il y a cette petite fille espoir

rêves, cauchemars, haine, s'il vous plait, non, oui, fuite


Au commencement de toute chose il y a cette petite fille obscurité

mourir, vivre, respirer, laisse moi, touche moi, va t'en, donne moi


Au commencement de toute chose il y a cette petite fille écriture

petits papiers des riens, tout, mal, peur, rires, cicatrices


Au commencement de toute chose il y a cette petite fille naissance


Maux, mots

Maux de moi....


Mariem mint DERWICH
(Photo : oeuvre de l'artiste Marie Louise Bodirsky)

L'instant parfait....














Il est des moments doux

soie feutrée des mots

langueur des sons


Dans la plénitude

l'instant parfait.


Il est des rondeurs

des lettres à broder

des ailleurs immensités


Dans la plénitude

l'instant parfait.


Il est des musiques

des notes infinies

des présences fantômes


Dans la plénitude

l'instant parfait.


Il est des enfouissements

des profondeurs

des lits de velours


Dans la plénitude

l'instant parfait.


Il est des routes

chemins de sable

le commencement de toute chose


Dans la plénitude

l'instant parfait.

Il est....
Mariem mint DERWICH

dimanche 5 mai 2013

Seules.....

Nous sommes toujours seules. Dans la touffeur des multitudes de la famille élargie, nous sommes seules. Solitudes parmi les solitudes de ceux qui peuplent nos maisons et nos vies. Petits grains d'une chaîne immense qui nous tisse mutuelles sans percevoir nos solitudes. Nous sommes tellement porteuses de tous les pluriels de nos entourages que plus personne ne voit que nous nous portons seules.
Nous sommes élevées comme projections de tous les fantasmes des notres. Nous sommes images, rêves, permanences, fulgurances des passés remaniés à la hauteur de toutes les douleurs des présents.
Derrière le masque lisse qui est le notre, masque modelé dans l'acceptation de destins présupposés être le fil conducteur de nos vies, nos solitudes nous écartèlent.
Nous vivons dans le monde. Nous hurlons dans nos mondes.
La femme hurle dans ses silences et sourit dans l'apparence de vie.
Elle est seule à percevoir la perversité de l'image que la société a d'elle : image maternelle, image aimante, image de douceur, image de reproductrice, image de frivolité, image tatouée...
Elle sait les poèmes, les chants, les hommages. Elle sait nos hommes amoureux de cette image et passant leur vie à se démultiplier dans les regards féminins, s'y noyant jusqu'à la jouissance, acharnés qu'ils sont à reculer la mort en se fondant dans ces multiples féminins, catharsis orgasmique.
Elle sait les luttes quotidiennes, le lent défilement des minutes, des secondes, des instants de la survie.
Dans sa solitude la femme est folie, cris, joues griffées, cheveux secoués, spasmes dans le ventre, vomissements, sangs, ongles, rages, perfidies...
Elle est ces envies de mort, de défiguration, de laminage des barrières. Elle est poings levés. Elle est ces corps qui se roulent par terre, mains vers l'infini, jambes ciseaux ouvertes, peau qui brûle.
Elle est détestation de soi. Et des autres.
Elle se pare, se dessine. Cisèle sur ses yeux les couleurs de l'attrait. Sculpte ses joues. Se fait autre, se crée autre, celle des autres. Elle se fait séduction car elle sait ce que l'on nous apprend : que la séduction, le mensonge, l'apparence, la sexualité comme arme, sont les seuls moyens de survie.
Alors elle se fait vestale, actrice de ses propres souffrances.
Nos femmes se font mises en scène, dansant dans l'érotisme du dialdiali, de l'encens, des parfums, des fards, des douceurs / promesses...
Dans cette schizophrénie des sentiments, elles se sculptent patiemment, offrandes consentantes d'un jeu de mort.
Nous sommes toujours seules, dans le silence de l'agonie, la permanence des destins, le bruit léger des mots....
Mariem mint Derwich

Poser ses mains sur son visage....







Poser ses mains sur son visage,
occulter les yeux,
les fermer,
les rayer de tout

Poser ses mains sur son visage
et couler, doucement

Poser ses mains sur son visage
clore la bouche
empoigner sa mémoire
la vider

Poser ses mains sur son visage
pour ne pas saigner

et encore et encore,
affronter, empoigner,
poussière de mémoire après poussières,
batailles  de sang

Poser ses mains sur son visage,
et vaincre

Poser ses mains sur son visage,
hurler jusqu'à l'infini des étoiles,
hurler à briser sa voix,
à mourir

Poser ses mains sur son visage,
se regarder, éclater en autres

Poser ses mains sur son visage,
et taper, taper,
taper encore.
Crever.

Poser ses mains sur son visage,
casser le miroir....

Mariem mint Derwich


(Photo : oeuvre de David  Walker)






vendredi 19 avril 2013

Je m'appelle Mariem mint DERWICH et j'écris....

Après mûres réfléxion il m'a semblé que le moment était venu, pour moi Salomé, de sortir de l'anonymat. La démarche n'est pas aisée et implique un travail sur soi. Depuis des années j'écris sur ce blog. De façon trés sporadique, j'en conviens.
Grâce à l'anonymat j'ai pu poster mes textes et poésies, sans craindre le regard des autres : famille, amis, etc....
Les pesanteurs sociales font que femmes et écriture ne font pas souvent bon ménage dans nos sociétés. L'expression féminine est encore tabou. En particulier quand sont abordés les thèmes des intimités, des sentiments profonds....
La poésie, hormis pour 2 ou 3 femmes, est quasi masculine en Mauritanie.
La poésie en français l'est encore plus.
Ce blog est mon histoire, mes fractures, mes doutes, mes "Moi" métissés, mes interrogations.
Il est mon cheminement personnel.
Il est temps, aujourd'hui, que je sorte de l'anonymat.
Je m'appelle Mariem mint DERWICH et j'écris....

Mariem mint DERWICH



mercredi 27 mars 2013

Le bout du voyage....












Dans ma tombe

j'ai posé mes mains


dessiné l'ailleurs


Dans ma tombe

j'ai griffé le sable


Psalmodié mes autres


Dans ma tombe

j'ai gravé mon nom


Chanté mes éclats


J'ai entendu la prière

les mots en arabesques


les voix fugitives

des folies expiatoires


j'ai fermé les yeux

calfeutré ma bouche


j'ai glissé

glissé comme on s'envole


j'ai libéré les amarres

je me suis posée dans ma paume


et j'ai pleuré

Enfin, le bout du voyage.....

Salomé

jeudi 24 janvier 2013

Fulgurances...














Dans la fulgurance des vents
sables, sables, mouvances
aquarelles et sépias

dans la fulgurance des étoiles
dunes et courbes
regards, mots, maux

Dans la fulgurance des infinis
et des espaces


à la portée de mes bras
sur ma bouche
et ma peau
et mes yeux

il y a cet immensité douloureuse
comme un voyage dans la chair

fragments et tessons de verres

des fuites et des larmes

et le cosmos
mon pays comme une arabesque de douleur

tatouage des blessures

Dans la fulgurance des ailleurs

mon instant d'ici

mon moi en multiples

Ya Allah!

Salomé....