samedi 21 mars 2015

Corps....













J'ai le corps en alphabet, en lettres,
en mains qui se posent
j'ai le corps en soupirs
en vertiges
en traces ténues
en morsures

J'ai le corps comme on a des chants
en notes
en vibrations
j'ai le corps en impatiences
en souffles
en odeurs mouillées

J'ai le corps qui se déploie
à chaque toucher
il chuchote
j'ai le corps en bordures
en centres
en senteurs marines

Je suis face à l'univers
et entre mes seins je porte mes rêves
j'ai le ventre en aurores
j'ai les bras en poèmes
en mantras
en amants

J'ai le corps qui chante et chante encore
en vie perpétuelle
en infinis
j'ai le corps comme un collier
en danses profondes
il dit

J'ai le corps en liberté
il écrit les mots de l'amour
il tisse les histoires fabuleuses
j'ai le corps en nuits et en jours
accroché aux temps féminins masculins
inscrit sur les murs

Murmures et folies
mots
désirs

Corps


Mariem mint DERWICH

(Street Art..  Artiste : Nme)


jeudi 12 mars 2015

La femme qui vient...













Donne moi le monde pour que je m'envole, enfin,
et que de mes mots sortent les vents

Ils diront alors les voyages et les terres lointaines,
celles de feu et d'azur, celles battues par les hommes

Ils diront les amours mortes, les enfants de l'aube,
les caravanes aux pieds nus

Donne moi tes regards pour que je me lève, enfin,
et que de mes mots sortent les pluies

Ils diront alors les sommeils dans l"herbe,
les jeux d'eau, les marelles et les rondes

Ils diront les villages perdus, les statues de pierre,
les femmes qui s'éveillent dans la brume du matin

Donne moi tes mains pour que j'écrive, enfin,
et que de mes mots sorte la musique

Ils diront tous les soupirs, tous les chants,
les yeux bordés, les corps dressés, les cheveux libérés

Ils diront que tout est fuite, que nous mourons et que nous renaissons,
que nos histoires ne sont que broderies fugaces,
que nous sommes argent et or, cuivre et terre, vagues et boue

Ils diront nos corps en désirs, les mots promenés le long des flancs,
le temps de l'amour, le temps de l'ami, 
les secondes murmurées, entre les seins posées

Ils diront la femme qui vient, dans l'ombre des arbres,
qui vient et qui raconte les histoires des hommes,
elle marche, elle balance les hanches et tamise la lumière,
elle vient et sa bouche roule les mots à venir

Ils diront les mots de la terre, les contes des profondeurs,
qui montent du ventre, empoignent les bras, entourent le cou,
les mots des gestes qui brûlent

Aux rives de ma mémoire la femme vient et marche
elle est belle, elle est perle, elle est collier, elle est note blanche, note noire,

Vois!

Elle vient la femme en mots, en écriture, en atomes, en poussières
elle est étoile dans le Livre des Morts

Elle porte son coeur sur ses paupières et elle entend les choses du silence
Elle ouvre les bras, et le corps, et les yeux

Dans la nuit qui tombe elle devient luciole

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Lionel SMIT)





samedi 7 mars 2015

Je suis femme...













Je suis femme

Je suis femme, allongée au bord des sables,
enfouie dans l'eau des marigots,
endormie dans les voiles des vents

              Je suis femme

Dans tes chants tu m'as transformée en lune, en soleil,
en colliers de perles, en bracelets de cheville,
en dessins de henné
en pagnes multicolores

              Je suis femme

Fille du ciel et de la nuit, en miroirs de l'aube,
j'ai écrit mon nom sur les murs des cavernes,
j'ai laissé mes mains sur mon ventre
j'ai enfanté les futurs

              Je suis femme

J'ai traversé les mondes, j'ai offert mon souffle,
je t'ai aimé, portant ton corps comme on se pare de parfums,
j'ai fermé tes yeux pour que tu entendes ma voix,
j'ai scellé tes lèvres pour que tu gardes mon goût

              Je suis femme

En chantant mes histoires j'ai changé les choses,
les arbres sont devenus femelles,
les nuages sont descendus sur terre, statues sensuelles,
les petits des hommes ont ouvert les yeux et ont tutoyé le monde

              Je suis femme

Par moi tu as inscrit ton nom dans l'immortalité
j'ai bercé tes peurs, j'ai gardé ton foyer,
j'ai été la conteuse, la guérisseuse, l'infante devenue reine,
l'oiseau qui passe, le vent sur la peau

              Je suis femme

J'ai les yeux grands ouverts, je regarde l'univers,
je me tiens debout, dans la poussière de ce qui est déjà enfui,
je lève mes mains face aux murs des villages,
et je lance ma chanson de femme

              Je suis femme

Je suis celle de la nuit, celle des jours brûlants,
je suis celle qui raconte et qui garde les mémoires,
je suis celle là qui ne baisse pas le front
et te regarde, te regarde, jusqu'à brûler tes yeux

              Je suis femme

Je suis femme, matrice du monde, porteuse d'eau,
j'ai les mots qui roulent sur les langues des mémoires,
je suis pierre, je suis pluie, je suis sang, je suis origines,
je suis charbon et plume et soupirs et amours

              Je suis femme

Je suis bâton, départs, retours, identités flamboyantes
je suis écuelle, je suis calebasse, je suis musique, je suis ombre,
je suis l'épine et le pas des caravanes
je suis l'argile et la glaise, le banco, marécages

              Je suis femme

Et, dans ma mémoire qui danse, je tourbillonne....

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Lionel SMIT)





mercredi 4 mars 2015

L'amante...













N'entends tu pas que même au plus profond des nuits hantées
je suis sous tes mains, en relief dans ta peau?

N'entends tu pas le souffle des voix venues des autres mondes
murmurer que les ailleurs ne s'effacent pas?

N'entends tu pas le chant de l'oiseau, derrière la vitre,
qui parsème de duvet les choses enfouies?

N'entends tu pas le bruit de la terre, mouvement de l'eau,
te dire que la mémoire est tout, que le présent n'est rien?

Derrière la porte il y a la ville qui s'éparpille,
les bruits des choses, les bruits des riens,
il y a l'enfant qui te regarde, à qui tu offres ton regard,
et le mendiant, à ta fenêtre penché.

Tu enfermes tes mots derrière tes yeux, tu lances la clé des silences

Et la mer continue de danser, à la frontière des envies

N'entends tu pas la musique d'un parfum endormi au creux de ton cou,
qui te chuchote les mots de l'amante, les mots des bras?

N'entends tu pas les soupirs des murs, ceux qui entendent, ceux qui s'ouvrent
dans la quiétude d'un après midi alangui?

N'entends tu pas le bruissement d'une chevelure envolée sur tes lèvres,
et les poèmes tissés ?

N'entends tu pas, dans les mots des nuages, les épopées et les rêves,
Qâf ancien, mots des puits, mots des campements oubliés?

Derrière ton front, elle dort encore l'amante disparue,
enroulée sur ton souffle, posée sur tes doigts,
il y a les instants de soie, les instants frivoles,
et toi qui regardes et qui fermes les yeux

Et la mer continue de danser, à la frontières des corps.

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Santosh Chattopadhyay )







lundi 2 mars 2015

Les mots chagrins....













Je n'ai que les mots pour éloigner l'obscurité
la bouche qui raconte, raconte les aux delà,
la langue qui danse dans les fins de nuit

Je suis lasse de porter le monde,
épaules courbées et yeux miroirs

Je voudrais dessiner des pays de miel
des pays de femmes,
là où les chants des dunes diraient les rêves

Je n'ai que les notes et la musique pour dire,
dire encore, encore, encore,
jusqu'à m'ouvrir aux vents venus de l'Est,
devenir grain de chapelet et perle bleue,
inventer de nouveaux matins,
réciter Rûmi à la lumière des feux de camp

Je voudrais donner, donner à en perdre la respiration,
renaître dans les méandres d'un marigot,
dans le fleuve des mémoires,
recevoir le regard unique, celui qui berce,
téter le lait aux seins de mes mères,
m'endormir dans le souffle de l'encens

Je n'ai que les mots, les mots de l'absolu,
pour inventer demain
et les jours à venir,
les minutes silencieuses

Je voudrais vibrer dans la chaleur d'un corps,
coudre patiemment les perles amoureuses
sur le front de l'amant,
boire ses paupières
et murmurer doucement les mots du désir

Je n'ai que les mots pour sculpter mes vies,
les offrir aux murs des villes,
inscrire mes noms sans papiers,
enfanter des bébés

Je n'ai que mes mots pour pleurer et rire
jeter aux horizons mes solitudes

Tournoyer dans son regard
m'envoler à tire d'ailes
entendre les cris des silences

Je n'ai que les mots, mendiante, femme, enfant, plaisir,

Dans l'infini des poètes, je danse, je danse

et je te regarde...

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Guy Denning)