mercredi 25 février 2015

Naissance...













Je m'envole, je vole loin de toi
dans la parole libérée
et mon corps comme une étoile

Je marche, bras ouverts

J'emporte avec moi tout ce qui fut
tout ce qui ne fut pas
je dis à la lune les moments sombres
les doutes, les reniements,
les silences assassins
Je marche, ventre ouvert

Je sème derrière moi les bribes de toi,
ce qui fut saccage, défrichements douloureux,
je raconte aux passants les poèmes perdus,
les mille mots de la renaissance devenue agonie,
les mensonges, les pourquoi inutiles

Je marche, yeux ouverts

J'écris mes rêves, mes ailes atrophiées
soudain déployées,
je porte mon amour en collier de feu
je le disperse dans les feux de la mémoire
j'ai la peau qui pleure ses chagrins d'enfant femme

Je marche et je m'arrache la langue

Je jette les bribes de vie, les tu, les nous, les eux,
les espérances futiles, les fuites,
je jette et jette encore, cils après cils,
les morceaux qui crient encore
je déracine les désirs

Je bois les nuages, je tisse mes futurs,

Je marche, marche, au bout des murs
avec mon amour immense
la lumière en moi

Et j'arriverai en un port aux bras ouverts,
qui prendra ma tête sur les épaules des voiles,
qui boira mes mots dans les chants des poissons,
je serai sirène et j'entendrai, dans la houle des vagues,
une voix me dire " tu es, j'aime, prends moi, donne toi, offre toi, sois"

Enfin, dans l'aube d'une arrivée dernière,
je brûlerai les départs et les larmes rauques qui figent la bouche,
je deviendrai femme, unique, lumière,
dans le regard d'un homme nouveau
je deviendrai femme
dans le rouge des crépuscules des corps

Et je te regarderai comme on danse un monde,
toi que je ne connais pas mais qui me parle doucement.
Je laisserai ton souffle me faire grandir
j'attraperai toutes les histoires, tous les amours,

Je deviendrai étoiles et planètes...

Je recommencerai, dans ce port qui existe quelque part,
je recommencerai ma vie de femme

Il prendra ma main
et j'incendierai sa mémoire éternelle.

Il sera soleils ocres dans les nuits tordues.

Et il m'aimera à la démesure des ventres offerts.

il sera celui là qui berce les cauchemars, qui apaise la femme,
qui lui donne une vie en lui tatouant ses histoires.

Il ne me reniera pas, ne m'abandonnera pas....

Il me donnera une place, un nom, un lien profond avec la terre

Il m'acceptera dans ma plénitude trouvée

et je serai lumières.....

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Sidi Yahya)

lundi 23 février 2015

L'homme...








Entends tu la terre qui inspire doucement,
là bas, la bas, tout au bout des souvenirs?
Portes tu la pluie qui goutte sur les arbres du jardin,
la bas, là bas, dans la mémoire qui s'endort?
Chantes tu les notes du désir,
là bas, là bas, là bas dans le lointain d'une chambre?

Y a t'il, endormie derrière tes paupières,
une femme qui rêve?
Dessines tu les mots de l'après,
là bas, là bas, dans le murmure des silences?

Homme debout, en pas, en chemins, en sourires fracturés,
poses tu sa chevelure sur ta bouche?

Danses tu les heures de rires, les rondes des mains,
là bas, là bas, dans l'odeur d'un parfum enfui?
Prends tu dans ton cou les mots envolés,
là bas, là bas, dans la douceur d'une feuille de thé?
Brodes tu les courbes, les creux, les déliés,
là bas, là bas, là bas  assoupis dans la pénombre?

Y a t'il, dansant dans ta mémoire,
une femme qui rêve ?
Cisèles tu les paumes aux bras ouverts,
là bas, là bas, dans les vents de l'amour?

Homme pluriel, homme ambigu, homme enfant,
poses tu sa chevelure sur ta bouche?


Mariem mint DERWICH

(Artiste : T. Chassériau)


Mes yeux fermés...













Il y aurait, dans le tourbillon de l'air,
un murmure, un soupir, une note ténue,
petits mots, petits mots...

Il y aurait des gestes esquissés, à peine effleurés,
des bleus en charmilles,
petits mots, petits mots...

Il y aurait mes yeux fermés, attente.

Il y aurait des silences en chuchotis,
des rires légers

Il y aurait mes yeux fermés, attente.

Et je serais là, à ma place,
mains ouvertes et paumes orphelines,
ma peau en écoute
ma bouche entrouverte
ma langue en prières

J'attendrais les mots de l'envol,
ceux qui rendent oiseau, papillon, libellule, voiles, vents, palmes

Petits mots, petits mots....

Mes yeux fermés, attente.

Petite fille, j'irais courir dans la nuit,
jusqu'au bout de mes peurs,

et dans mes poings j'aurais le monde de ce Je t'aime
attrapé au bout de l'horizon....

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Mokhis)