et que de mes mots sortent les vents
Ils diront alors les voyages et les terres lointaines,
celles de feu et d'azur, celles battues par les hommes
Ils diront les amours mortes, les enfants de l'aube,
les caravanes aux pieds nus
Donne moi tes regards pour que je me lève, enfin,
et que de mes mots sortent les pluies
Ils diront alors les sommeils dans l"herbe,
les jeux d'eau, les marelles et les rondes
Ils diront les villages perdus, les statues de pierre,
les femmes qui s'éveillent dans la brume du matin
Donne moi tes mains pour que j'écrive, enfin,
et que de mes mots sorte la musique
Ils diront tous les soupirs, tous les chants,
les yeux bordés, les corps dressés, les cheveux libérés
Ils diront que tout est fuite, que nous mourons et que nous renaissons,
que nos histoires ne sont que broderies fugaces,
que nous sommes argent et or, cuivre et terre, vagues et boue
Ils diront nos corps en désirs, les mots promenés le long des flancs,
le temps de l'amour, le temps de l'ami,
les secondes murmurées, entre les seins posées
Ils diront la femme qui vient, dans l'ombre des arbres,
qui vient et qui raconte les histoires des hommes,
elle marche, elle balance les hanches et tamise la lumière,
elle vient et sa bouche roule les mots à venir
Ils diront les mots de la terre, les contes des profondeurs,
qui montent du ventre, empoignent les bras, entourent le cou,
les mots des gestes qui brûlent
Aux rives de ma mémoire la femme vient et marche
elle est belle, elle est perle, elle est collier, elle est note blanche, note noire,
Vois!
Elle vient la femme en mots, en écriture, en atomes, en poussières
elle est étoile dans le Livre des Morts
Elle porte son coeur sur ses paupières et elle entend les choses du silence
Elle ouvre les bras, et le corps, et les yeux
Dans la nuit qui tombe elle devient luciole
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Lionel SMIT)
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