jeudi 2 décembre 2010

Femmes de douleur

Nous sommes toutes ces femmes de douleur, ces femmes de l'absence. Nous portons en nous ce deuil impossible qui fouette nos ventres.
Nous sommes unes et plurielles, toutes repliées sur le manque.
Nous sommes, soeurs de misère, veuves et affamées.
Nous sommes les Autres, les moitiés de ces disparus dans les enfers sanglants d'Inal, dans les sables, dans les vagues... Fantômes sans tombes....
Nous portons nos hommes comme des colliers de larmes accrochés au bord des rêves disparus.
Hommes devenus nos enfants dans une gestation perpétuelle, portés au long des années d'amnésie.
Nous les portons sur nos lèvres et chantons, dans la solitude des nuits de larmes, leurs noms comme un baiser de l'au delà.
Nous les avons modelés à l'aurore de nos peines.
Nous les avons appris à nos enfants sans pères.
Nous les psalmodions, doux grains de chapelets, caressés, tournés, malaxés.
Nous avons appris l'absence mais pas le deuil.
N'avez vous pas entendu nos hurlements de détresse?
N'entendez vous pas les noms de nos hommes partis à jamais?
Qui a pitié de la femme qui pleure dans les nuits de solitude?
Salomé.

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