dimanche 19 juin 2011


Dans nos sociétés où tout est non dit, où tout est diktats et pesanteurs, rien de plus difficile que de choisir. Choisir son destin ( autant que l'on puisse le choisir), choisir sa vie, choisir ses mots et ses maux. Choisir de vivre, simplement.
Nous avons, que nous soyons maures, halpulars, soninkés, wolofs etc..., choisi de vivre dans le groupe; ou, plutôt le groupe a décidé d'être nos tous. Le groupe, famille, lignage, tribus, communauté, a phagocyté l'individu au nom de la préservation d'un mode de pensée et de vie instauré il y a plusieurs siècles, en ces temps rudes où la survie passait par l'affirmation d'une puissance supposée ou réelle. Cette survie s'est accompagnée de règles de bonne conduite rigides. Les idéologues ont codifié les manières d'être, de vivre, les lois qui régissent les unions, la place des enfants, la place de l'individu, qui est qui et qui peut quoi et comment.
Nulle place à l'individu. Le groupe est tout. Lui seul peut. lui seul crée. Lui seul fait vivre ou tue.
Malheur à celui ou celle qui veut sortir du groupe, de la fratrie, de la lignée.
Pas de choix permis : on est DANS le groupe, on est LE groupe ou bien on n'est rien.
Patiemment on a laminé les aspirations intimes. Perversement on a tué en l'individu le besoin d'envol. On a excisé toutes vélléités d'émancipation du groupe.
Par le management affectif l'individu est pieds et poings liés.
Siècles après siècles on nous a élevé dans la bienséance propre au groupe, on nous a façonné de façon à ce que nous n'ayons qu'une pensée uniforme et de manière à ce que nous laminions toute idée indépendante.
Parfois les pesanteurs deviennent si lourdes que nous rêvons d'ailleurs. Dans un puéril mouvement de libération nous nous jetons dans des autres qui deviennent, l'espace d'un moment, des possibles : amours "interdites", métissages rêvés, ouverture aux autres...
Puis, devant les levées de boucliers du groupe, les indépendances se noient au contact des réalités de ce groupe sociétal annilihateur du "je". Pour préserver soit des futurs enfants, soit une paix familiale, on réintègre le groupe.
Et on enterre ses rêves. Que ces morts successives ne soient que des excisions perpétuelles n'empêchent pas de vivre.
On s'endort avec la bonne conscience de ceux qui ont choisi les murs et les garde fous au détriment de la liberté individuelle.
Et on vieillit en véhiculant, à notre tour, toutes les éducations. Avec, en article premier, " la conscience de qui on est".
Le groupe gagne toujours. Malheureusement.
Il gagne car il atomise la liberté de pensée et l'intelligence. Il atomise le libre choix que, pourtant, Dieu nous a donné.
Il fait de nous, du moins de ceux qui se posent des questions, des orphelins de nous mêmes.
Tu es dans le groupe ou tu es dehors du groupe.
Hors groupe point de salut.
Et, comme nous avons codifié, catalogué, stratifié nos vies, nous devenons nous mêmes codes, stratifications, diktats, jugements.
Le groupe tue et nous sommes son bras armé.
La bienséance tue.
La morale tue.
Nos parents et parentèle, par amour ( si ces exigences de bonne conduite et de diktats sociaux peuvent s'appeler amour) tuent.... Par amour....
Le respect n'a t'il qu'une couleur, qu'une odeur?
Pitié pour l'homme....
Salomé

2 commentaires:

  1. Tres ému et ce blog est fort intéressant! Je me suis inscrit en tant que membre et j'ai enregistré le lien sur notre blog mauritanien!
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    Amitiés,
    Momo

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  2. Merçi Momo!!

    pouvez vous nous l'adresse de votre blog?

    Dalida

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