lundi 20 juin 2011


Quand le mal de vivre devient la vie elle même et que les chemins des questionnements griffent la peau, que devient la femme de larmes?
Vers qui se tourner pour crier, à s'en casser la voix, ses douleurs? Comment mettre en mots les écorchures et les brisures?
Comment casser les murs... S'envoler jusqu'à la déraison des choses et planer enfin, couler le long des vents, arrimer son corps aux étoiles, fermer les yeux et, enfin, renaître.
Regarder le miroir de tous les masques et briser le sortilège des retenues.
Courir comme une enfant, libre, bouche ouverte aux vents des rêves de petite fille et tourner et tourner encore en riant comme on jette une offrande.
Mourir petite fille et naître femme... Mourir femme et naître petite fille. Recto verso, toi, moi, nous.
Ce nous pluriel des femmes déchues, des femmes crispées.
Enfanter, s'enfanter, ventre immémorial d'où toute chose vient et où toute chose revient.
N'être plus que ce ventre, ce fruit, ce vallon des vanités. Poser ses mains en coupe, ployer le cou, fermer les yeux et pleurer.
Femme de douleurs dans une société de pudeurs...
Sculpter son corps aux sables de l'oubli, se poser sur une dune, laisser le sable couler doucement entre ses lèvres, souffler sur le scarabée, s'enfoncer et s'enfoncer encore, comme dans la bouche de sa mère ou le cou de son amant.
Oublier toutes les manipulations, oublier ce que les autres ont fait de vous, l'image qu'ils ont créé de vous, les murs de la perception des regards autres.
Oublier les perfidies et les mensonges, et les blessures, et les non dits qui laminent et écorchent.
Ne plus être femme des autres mais femme intime, femme seule, femme unique.
Être celle qui ne supplie plus, qui ne demande plus. Qui ne mendie plus et qui donne jusqu'à en oublier qu'elle existe.
Oublier son corps qui lâche et n'être plus que pur esprit, intemporel, posé là sur la dune où elle s'enterre dans la douceur de l'envol.
Mourir petite fille et naître femme.
Mourir femme et naître petite fille....
A jamais renouvelée, à jamais regardée, à jamais redessinée.
Mon éternité, ma solitude, mes chaînes....
Salomé

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