dimanche 23 octobre 2011

Ecorchée...



Il est des douleurs comme il est des lapidations : pierres après pierres, nous sombrons, toujours plus profond. Des douleurs qui annihilent et effacent. Des douleurs qui déconstruisent. Ou qui reconstruisent.

Des douleurs qui nous font marcher le long des précipices, loin de nos familles et de leurs prisons mentales. Loin des convenances et des morales; loin des hypocrisies, qu'elles soient religieuses ou sociétales.

Il est de ces douleurs qui excisent la femme en nous.

Dans nos mondes du "Je" masculin, du " Ecoute moi, regarde moi, comprends moi, entends moi, efface toi, nie toi, accepte, prends, tais toi, moi, moi, moi, JE,..." nulle place, hormis celle toute symbolique que nos hommes pensent nous octroyer, pour les "Nous". Chez nous, le "Nous" est masculin.

Profondément masculin. Exclusif et réducteur.

Femmes, nous sommes réduites au "vous" qui signifie "Toi", mon homme. Celui qui mène, qui décide, qui offre et qui reprend, figure à peine voilée d'une toute puissance qui se voudrait quasiment divine, inconsciente d'égoïsme et de lachetés.

Tant de silences entre les hommes et les femmes! De murs, de barreaux, de négations.

Tant de meurtres rituels, symboliques certes, mais meurtres quand même!

Tant de ces non dits féminins qui flagellent les perceptions de soi.

La deconstrution féminine pour "sauver" les hommes, les faire se sentir mieux, dansant sur les restes de nos féminins pluriels.

"Reste là et sauve moi" sont les credo masculins des jeux amoureux.

Filles de tous nous devenons alors filles de personne. Filles de peu, filles des néants. Nous devenons nos propres cauchemars.

Car nous avons laissé à nos hommes le faux pouvoir de toute puissance. Nous leur avons laissé croire que nous étions leurs propriété exclusive. Nous leur avons fait croire et laissé entendre que nous n'existions que par eux, pour eux, en eux.

Ils nous veulent niées. Nous nous sommes niées.

Ils nous veulent amantes. Nous les avons aimés.

Ils nous veulent mères. Nous avons enfanté.

Ils nous veulent obéissantes et douces. Nous avons coupé nos langues.

Ils nous veulent compréhensives. Nous avons plié nos cous.

Ils nous veulent par intermittence. Nous sommes devenues leurs "intérimaires du spectacle" des sentiments.

Nous avons fermé les yeux et accepté les perfidies, les mensonges, petits et grands, les absences, les doutes.

Nous avons porté des culpabilités qui n'étaient ou qui ne sont pas notres, noyées que nous sommes dans le moule menteur de la femme qui peut tout et doit tout. La femme qui réconforte et qui apaise. Celle qui prend dans ses bras et qui accepte, sans jamais s'offrir.

Car ces Nous profonds, féminins, tous ces cris muets que nous portons en nous, tous ces doutes...qui les entend?

Surement pas nos hommes. Comment pourraient ils nous entendre quand ils s'écoutent, eux?

Leur cécité écorche, nous écorche.

Femme de rien, des riens du néant.

Femme de larmes et de souffrances. Femme en souffrance.

Femme de personne.

Comment se reconstruire après une lapidation? Comment se recréer après tant d'hypocrisie assénée à la mesure des diktats masculins?

Ecorchée, sanglante, meurtrie, blessée....

Femme de rien, à personne.

Salomé.






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