jeudi 7 mai 2015

Je viens...













Creuser le sable, aspirer l'eau,
poser sa bouche au début des mondes,
mettre les vents et les chants de l'au delà dans son sac

et transporter sa vie au long des ravines

Fermer la porte de sa maison, clore les volets

Empoigner les chemins au travers des mots,
en faire des arcs en ciel et des gueltas,
un pas après l'autre, les pieds légers,
toquer à la porte des horizons
se dépouiller de ses contes, les contes de ce qui fut,
pour chanter les histoires de demain

et transporter ses lignées au long des mémoires premières

Tirer les rideaux sur le lit défait où les fantômes dorment encore

Dans le livre des corps retrouver le chemin du désir,
celui du fou, celui de la folle, celle qui danse la nuit sous les étoiles,
ré inventer les gestes de l'amante aux frissons de la main de l'homme,
ployer, ployer encore, et ouvrir ses yeux dans le plaisir,
oreille blanche, oreille noire, notes saupoudrées,
inscrire l'amour, de ses doigts en voyage sur la peau

et chuchoter les mots des départs au long des hanches offertes

Fermer les yeux de ceux qui furent là, à jamais endormis en ce lit

S'envoler dans les pluies d'hivernage, devenir eaux et nuages,
marcher, respirer, enfin nue, lavée du malheur,
essuyée dans le commencement de la nuit, quand le soleil s'endort là bas,
là bas dans le reflet des illusions du jour.
Nuit profonde, nuit des mariages, nuit you you, nuit de l'épousée,
dialdiali aux reins comme une page ouverte sur le corps devenu bat'ha

et inscrire sur la table désertée : je viens.

Rattraper cette petite fille qui joue à la marelle sous le soleil,
toute à son jeu,
quartier bruissant,
tam tam des pilons dans les cours,
au bout du ciel, elle dessine des départs et des rêves acidulés
où elle est, de nouveau, oiseau aux ailes grandes ouvertes.

Fermer les yeux et s'ouvrir aux mondes....

Je viens...

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Haïdara)


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