vendredi 10 juin 2016

Mondes...













J'ai posé mes yeux aux regards magiques,
iris dans les profondeurs.

J'ai roulé à ma bouche le scarabée qui parle d'amour à la dune,
enfermé les chants des baleines dans les lagons lointains

J'ai offert mes cheveux  aux vents porteurs d'ailes, multitudes,
chants des nuages et éphémère

J'ai inscrit mes doigts aux dos des chevaux des plaines,
fait un voeu caché dans les crinières

J'ai dansé les traces de l'oiseau qui ne vole pas,
perle de La Grande Île, il m'a dit....

J'ai ouvert mon cou aux sources qui font naître,
devenue eau et écailles et la pierre bleue des profondeurs

J'ai noyé ma peau aux vagues des déserts,
histoire des mondes de là-bas, à l'heure des animaux qui vont boire

J'ai tournoyé les cyclones, ouvert le monde en palmiers,
essaimé mon coeur aux arbres, racines, racines

J'ai imprimé mon front aux cils de ce qui danse,
j'ai posé mes pas aux chemins oubliés, j'ai dormi dans la grotte

J'ai bu à l'eau qui voyage, gouttes tatouées à ma peau,
rires des poissons et des petits cailloux

J'ai posé mes mains aux sables qui racontent les aubes des hommes,
me suis allongée à l'oreille du minuscule, grains à mes lèvres en éternité

Je suis née encore et encore, au épaules des compagnons de route,
en coeur d'eux, en coeur de nous, besaces pleine de rêves

Avoir le corps étoiles, en multiples, en herbe, en pluies, en orages,
être miel et abeilles, entendre, entendre, entendre jusqu'au bout du souffle

j'ai aimé le monde, le monde m'a enfantée, il m'a aimée à son tour,
en mes doigts soudains déployés j'ai posé son immensité,
et dans le petit jour endormi d'une île lointaine,
j'ai coulé ma peau à l'eau des yeux de la terre

A l'ange qui dessine mon corps sur la route, à l'ombre des lucioles,
des papillons, dans la fourrure d'un animal, un murmure a ri,
doucement, doucement....
J'ai ouvert ma poitrine, douceur de la lumière des jours

J'ai enjambé les montagnes et les rivières et les océans et les déserts et les villes et les hommes,
j'ai volé si haut que les soleils m'ont attrapée,
j'ai entendu les langues des enfants, les rires des insectes, les amours des femmes,
j'ai brûlé en encens envolé

Aux nuits qui viennent je dépose ma parole, mes silences,
fermer le regard et ouvrir les yeux,
poser mes mains en colombe, dans le jeu des clairs obscurs,
jouer avec les rayons

et m'endormir dans l'herbe mouillée....

Mariem mint DERWICH






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