dimanche 19 juin 2016

mourir et vivre













A ma main ouverte, à ma paume pastels,
j'ai posé une ligne de vie,
une ligne d'amour,
une ligne des vents,
je joue,
un doigt suivant les chemins,
ceux qui nous habitent,
les marches forcées,
les méandres,
les larmes qui noient les regards

A mes lignes, sillons têtus,
dans ma main en livre ouverte,
aile devenue le monde soudain gris,
je joue,
les prières en éclats au bord des lèvres,
le souvenir d'un parfum,
une voix de la nuit,
le murmure en sables chuchoté,

A mes mains qui bégaient,
à mes doigts orphelins,
à mes psaumes peaux, odeurs, mots du feu ,
à mes envols oiseaux de paradis,
à mes frissons, à mes paroles enfuies,

je joue

A mes yeux posés sur mes mains lignes et fractures,
à mes paupières endormies volets,
à la lisière de ma joue,
aux mondes tournoyants,
aux cris qui montent du ventre

je joue

Aux zébrures d'un jour qui se noie,
à la bouche ouverte, ouverte, ouverte,
aux traces,
au frisson cheminant sur le pli d'une dune,
à la douleur qui vient dans ses voiles

je joue

J'ouvre les lignes de ma paume,
je joue la mort, je joue la vie,
les départs et les chaînes,
j'ouvre les lignes, mots tus,

je joue

A ma paume qui ne raconte plus rien,
absurdité du temps,
je fracasse ma vie,

Je joue, je joue, je joue

Il faut tous ces jeux de mes doigts
pour que la vie s'ancre,
pour que la mort vienne,
je joue, je joue les matins morts aux fronts des chansons

je joue

A mes mains qui ne sont plus,
je joue mes mots, mes larmes

Je me roule en boule dans le pli d'une trace ténue
et je pleure, je pleure, je pleure
en ma main devenue vierge,
bleue, bleue des ciels qui se ferment,

J'ai scarifié ce qui fait mal en mes lignes,
en ma paume inutile,

Mourir pour vivre, à ma paume devenue enfer...

je joue

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Guy Denning)

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