J'ai pris la main du vieil homme et nous nous sommes assis
en haut, tout en haut de la dune
là où le vent chuchote les mots
les mots qui volent
J'ai pris la main du vieil homme et il a fermé mon regard
lumière arrondie en empreintes sur ma mémoire
là où l'enfant court et joue
papillon brun aux sourires d'étoiles
J'ai pris la main du vieil homme et il m'a posée
sur sa cuisse noueuse, arbres, racines
là où j'entends mon sang chantonner
mes lignées en rondes ocres
J'ai pris la main du vieil homme et j'ai entendu sa voix
en moi faufilée, chaleur, images
là où le ciel est immense et les hommes façonnés
miroirs anciens des murs de pierres sèches
J'ai pris la main du vieil homme et j'ai oublié mon corps
tatouée en éternités sableuses, là bas
là où ma mère me dit les ailleurs de nous
mosquées en ombres, mélopées aiguës
J'ai pris la main du vieil homme et nous nous sommes envolés
par dessus les nuages en formes crayonnées
là où le temps n'est pas, le temps n'est plus
odeurs des chapelets et des ombres des minarets
Le vieil homme a posé ses mains sur moi
cuir parcheminé, tendresse des tendons, durillons, histoires
et je suis née dans son sourire
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Huda mansour)
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