lundi 16 mai 2016

J'ai ouvert mes bras et ôté mes yeux...













J'ai ouvert ma maison aux vents des grands larges,
et dans cette maison devenue corps
j'ai posé ton prénom,
lettre après lettre,
chacune liant les autres,
odeur de miel
odeur de lait
odeur d'encens

J'ai ouvert mes bras, j'ai ôté mes yeux

Dans cette maison devenue vagues,
j'ai posé mon nom, le Mim devenu Alif,
j'ai dessiné les racines et l'arbre de vie,
les feuilles qui entendent,
les fleurs regards,
et toi en lisière de mon souffle

J'ai ouvert mes bras et ôté mes yeux

Au coquillage posé à mon oreille,
j'ai murmuré les sables, les feux, le dessin du souffle,
mes doigts écartés, jeu d'enfant,
le précieux de la paume en ta paume déposée

J'ai ouvert mes bras et ôté mes yeux

j'ai remonté le mur, briques après briques,
pierre après pierre,
j'ai remonté le mur et je l'ai, de nouveau, détruit,
recommencement du balancier
et ton prénom qui continue de danser aux frontières perdues

J'ai ouvert mes bras et ôté mes yeux

Le monde né rondeurs, lointains, prières,
et mon corps en allers retours,
se posant et là et là et ici et ici,
houle, houle, houle,
clore sa bouche,
ouvrir sa langue
et ton prénom qui vole

J'ai ouvert mes bras et ôté mes yeux

je me suis déposée au creux de la dune,
dans la courbe brodée ligne,
je me suis déposée au creux de la dune,
j'y ai posé les lettres de ton prénom

et me suis endormie...

Mariem mint DERWICH

(Artiste : Carol Carter)


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