lundi 8 novembre 2010

On dit de l'érotisme qu'il est "désir amoureux". Désir.... Amour.... Peut on érotiser sans sentiments?
Dans nos sociétés des non dits et des interdits tout devient, par la force des choses, érotique. L'Autre est perçu comme jeu d'attrait. Tu m'es interdit donc je te veux.
C'est le paradoxe de nos univers en apparence si moraux : en cachant ils ont décuplé l'envie de la découverte et sublimé les imaginaires. Et, dans le même temps, rattrapés par ce jeu sexuel, ils ont codifé, rigidifié encore plus : il fallait nier ces corps /fantasmes. Et les expressions de ces attractions.
Petites filles nous érotisons nos rapports avec nos pères, entamant un cache cache amoureux où le géniteur devient celui qu'il faut conquérir et enlever à l'autre, la mère, la rivale. Petites nous sommes les meneuses d'un jeu où la séduction est notre première arme d'approche.
Les petits garçons sont,eux, dans la stratégie de la conquête de la mère. Ils se lovent dans les plis des voiles maternels, réclament tard le lait et les seins. Tout, entre le petit garçon et sa mère, devient jeu sexuel : la toilette intime, la vision de la maman pendant sa toilette, les parfums que l'on cherche dans le cou, la jalousie, l'exclusivité...
En grandissant nous oublions ces érotismes premiers qui seront ,pourtant, révélateurs de ce que nous serons.
Nous, femmes, serons, après l'amour du et pour le père, en recherche perpétuelle de ces moments où nous n'étions qu'animaux sensitifs.
Tapi dans nos inconscients reste la figure imaginaire du Père, de ce premier homme ,de cet homme premier. Notre premier amour....
Et en chaque homme que nous avons aimé ou que nous aimerons s'esquisse en filigrane cet amour sublimé entre un père et sa "petite femme/fille".
Et cet homme des débuts, s'il "a" de des garçons, "posséde" des filles. Subtil glissement sémantique qui fit toute la différence. C'est peut être pour cela, qu'en regardant sa fille grandir, il lui revient de façon inconsciente ces jeux d'attraction quasi sexuel qui le liérent à sa fille pendant l'enfance de cette dernière. Il ne lui reste donc plus qu'à cacher.
Et là où nos frères grandissent dans l'apprentissage quasi institutionnalisé de la conquête de la femme, nous apprenons par la force et la désillusion nos rôles futurs : de désir nous devenons fin en soi. De femmes en devenir nous psalmodions nos reniements. De nos corps nous ne gardons sacré que ce qui se doit d'être : virginité, maternité. De femmes enfants nous sommes alors passées au statut de femmes à enfants. A nous nuls désirs. Nulles envies. Le sexe est alors sale.
Nos frères peuvent apprendre les jeux de l'amour. Nous, non. Nous ouvrons nos jambes dans le silence des nuits matrimoniales où, même étendues sous un homme, le mari, il nous est demandé de la retenue.Les hommes jouissent. Les femmes rêvent en percevant tous les possibles.

Une société qui nie ses femmes peut elle être multiple?
Salomé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire