dimanche 14 novembre 2010

Violences

Il y a, chez nous,  des hommes qui n'aiment qu'avec leurs poings. Dans nos sociétés où l'on chante l'amour romantique sous toutes ses formes on oublie que pour certains l'amour passe par les coups. Insulte suprême aux femmes...
Il y a ces femmes qui cachent tant bien que mal les bleux, les cicatrices, les marques en baissant la tête. Qui hurlent dans le silence assourdissant des voisins. Il y a ces enfants terrorisés qui voient leur père tabasser leur mère, encore et encore... Il y a ces flics que l'on va chercher mais qui tournent la tête.
Il y a ces voisins qui savent mais qui, partant du principe pervers que "elle reste avec son mari , c'est qu'elle le veut bien", détournent les yeux et laissent faire l'innomable.
Il y a celles qui acceptent la gifle en espérant que ce sera le seul et unique geste du tyran domestique. Et qui apprennent, par la force brute et le quotidien effrayant,  qu'une gifle en amène une autre, puis les coups de poings, les coups de pieds, les insultes, les crachats, les claques balancées comme des coups de fouet. Elles pleurent en silence en pliant leurs corps meurtris. Et elles cachent. Car il faut cacher n'est ce pas? Le tortionnaire ne se cache pas lui. Sa victime si.
Elle a honte. Et les yeux des autres lui racontent cette honte.
Alors elle devient honte elle même. Elle qui est la victime.
Et il y a cette société hypocrite qui laisse faire, baissant pudiquement les yeux et passant à autre chose quand elle entend les hurlements d'animal battu qui émanent de la cour voisine. Tout le monde se dit "pourquoi elle part pas?".
Comme si c'était si facile et si simple. Comme si la vie n'était que blanc ou noir et que tout le monde avait le choix... Que sait on des terreurs féminines qui empêchent les fuites? Que sait on des menaces du mari concernant les enfants? Que sait on des  tabous qui sclérosent les jugements?
La bonne conscience des autres comme voile d'aveuglement. Encore d'autres voiles...d'autres cécités.
Tout va bien, Mesdames Messieurs, tant que l'on ne pose pas les questions, n'est ce pas?
Et sa tranquillité vaut bien tous les reniements et les non assistance à personne en danger.
Partout, combien sont elles ces femmes qui sont mortes sous les coups ou à la suite des coups? Combien ont avorté dans les silences familiaux suite aux passages à tabac?
Combien sont elles ces femmes qui endurent la peur jour après jour et pour qui, vivre signifier encaisser, pitoyables boxeurs laminés?
Et combien sommes nous à fermer les yeux et à laisser faire parce que...
Nous aimons nos femmes , n'est ce pas? Nous les aimons peut être trop... Au point d'en faire les carrefours de nos violences réprimées : excisions, coups, crachats, enfermement moral, enfermement physique...Honneur, patrie et compagnie...
Et les femmes violées? Et les femmes déflorées de force la nuit de noce? Et les femmes forcées d'ouvrir les jambes à un imposé devoir conjugal? Et les pas tout à fait encore femmes mais règlées, donc aptes au services,  mariées de force à un vieux débris qui pourra assouvir tous ses désirs de pédophile avec l'assentiment familial ?
Tant de violence derrière nos voiles multicolores qui gangrènent les envols et les espoirs et qui font de nous des monstres à 2 visages : d'un côté l'amour chanté et dont on nous rabât les oreilles et de l'autre nos noirceurs castratrices qui gomment LA femme sous des airs de morale et de société.
Monde d'hypocrite que le notre où naître femme n'est pas une chance mais un carcan à traîner.
On naît garçon.
Mais on est expulsée "femme".

Salomé

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