mercredi 21 janvier 2015
L'oubli des heures de nuit...
Chercher, chercher encore l'image du miroir,
la lumière dans les yeux
petite chose chaude, au bord des paupières
puits sans fonds, rempli d'étoiles
Plier la nuque, sentir, toucher la bouche, compter les frissons,
entendre la musique des mains
Tourner la tête, ployer ses cheveux, souffler sur les doigts,
comptine amoureuse, comptine câline
Poser son visage au creux de ses bras, pleurer, pleurer,
pleurer à en perdre la couleur des yeux, à en disparaître,
pleurer jusqu'à la déraison de toutes choses
pleurer à en oublier de voir
En ses mains reposer ma mémoire, bruissements des mots chuchotés,
devenir musique, heures, secondes, siècles
Aimer le frisson courant sur la peau, le rire absolu des lèvres gaies,
sauter les jours, sauter les nuits
Enjamber les ponts, déployer le corps, semer les baisers,
les promesses des amants, les berceuses enfantines
Arrondir la peine, atténuer le chagrin,
dire, dire, dire
dire les mots qui dansent, les mots magiques,
dire, dire, dire
dire la déraison, dire l'amour, dire les mondes
Poser les mains sur son ventre, poser des arpèges voluptueux,
espaces infinis enclos entre les cils
S'endormir, enfin, dans le fouillis des yeux gonflés,
renifler comme la femme redevenue enfant,
fermer les doigts sur les "jamais", les "toujours", les "aime moi"
l'oubli des heures de nuit
Se réveiller et recommencer
dans la moiteur des heures ternes
accomplir les petites choses
rire quand il faut rire
Poser au bord de la porte ses chaussures,
lever le visage à la pluie
Etre fantôme, être brume, être nausée
Ne plus respirer
Ouvrir la bouche pour laisser passer la folie
Et, s'endormir, enfin, dans le fouillis des yeux gonflés,
renifler comme la femme redevenue enfant
fermer les doigts sur les prières en chapelets
l'oubli des heures de nuit
Se réveiller et recommencer
Apprivoiser la bête tapie dans le ventre....
Mariem mint DERWICH
(Zeïnabou CHIAA)
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