mardi 23 décembre 2014
L'amante
Je décline ton nom sur le livre de ma peau
et je te raconte mes histoires, petits mots, petites lettres,
mes histoires du jour, mes contes de la nuit
je deviens l'eau sur ta bouche et, goutte qui roule,
je tatoue les virgules et les points des phrases tues
Je fais de tes murmures, de tes silences, une immensité
douloureuse et chaude
et je me replie dans ma voix qui monte du fonds de mon ventre
je te chantonne et me berce
je deviens le sel sur ta langue et, épine sucrée,
je lance aux vents tous mes désirs
Je fais de tes amours, de tes absences, une voile
à l'horizon déployée
et je me berce, encore et encore, dans les silences du monde
je te pleure pour ne plus t'aimer
je deviens le mot premier, celui qui enfante les matins
j'ouvre mes mains et j'empoigne le ciel
Je fais de tes vies ma broderie infinie
je couds les points sur tes yeux, fils de couleur, fils de nuit
et je me balance dans ma voix qui pleure
petite fille devenue soudain femme
je deviens le mot dernier, celui qui enferme les amants,
je me déploie, je tourne sur moi même et je ferme les yeux
Je fais de tes murs des arabesques posées à mes fenêtres
je te pose sur mes jambes, là où le monde s'ouvre
et je couche ma tête dans la splendeur d'une heure nouvelle
femme devenue soudain petite fille
je deviens les odeurs qui essaiment, celles des fleurs qui osent
je me démultiplie le long des miroirs et j'arpente les chemins
je fais de ton cou mon instant d'éternité
Entends mes mains qui parlent, qui écrivent
elles sont mains de femme, elles sont mains des mondes,
elles sont mains qui portent
elles sont mains amantes, sensuelles, plurielles
Elles sont mains sur mon visage refermées
et tu y dors
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Claire Villeret)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire