mercredi 5 avril 2017

T'aimer et ne pas pouvoir te toucher. T'aimer et ne pas pouvoir t'avoir pour moi, un peu, un tout petit peu, rien qu'à moi, rien qu'à nous.
T'aimer et te regarder en intimant l'ordre à mes mains et à mon corps, à ma parole, de ne pas, de ne pas... Ne t'aimer qu'au milieu des autres, l'interdite qui n'a même plus un espace de nous et de toi...
T'aimer, te regarder et te vivre en absence de toi...
T'aimer et regarder défiler les jours, les jours sans toi dans notre espace...
T'aimer malgré tout, t'aimer et t'attendre...
T'attendre, sursauter à chaque pas dans le couloir, sentir mon coeur rater un battement, et encore un autre battement...
T'aimer et ne plus retrouver ton odeur ici et là...
T'aimer malgré tout, même quand cela devient aussi douleur et manque...
T'aimer et m'assoir au bout de moi et t'attendre, t'espérer, t'attendre, t'attendre, me dire " aujourd'hui..." et regarder cet aujourd'hui qui s'en va. Je t'aime et je vais reprendre mon attente...
Et une prière enfantine me monte aux lèvres, litanie de l'attente, litanie de l'espoir, celle qui dit " il viendra... Mon Dieu, faites qu'il vienne". Puis taire ma prière, effacer les larmes qui montent et inventer ma prière de demain.... Mon amour est devenu attente... Mon amour que je ne peux montrer, mon amour que je dois dompter, mon amour sans toi...
T'aimer et compter les jours, les heures depuis la dernière fois. T'aimer...
T'aimer et refuser les pensées qui me viennent, celles de la nuit, celles du doute, celles de ce que je n'ose pas mettre en mots...
T'aimer et t'attendre et mettre des bougies sur le chemin de nous, de chez nous, de moi...
T'aimer malgré tout, malgré tout.
Tu n'es pas venu ce soir... Et je déteste mes pleurs... Et je déteste mes doutes. Et je déteste la femme devenue qu'attente... Je me demande où est parti l'homme qui a tu son coeur à la douceur, tout noyé qu'il est dans la dureté ambiante, où s'est il enfoncé, dans quels lieux loin de lui a t'il déposé ce qu'il fut, ce qu'il est, ce qu'il est... Où cet homme mien, celui que j'aime, celui que je respecte, celui que j'écoute, celui qui me touche et m'émeut, celui dont l'intelligence me plait, où cet homme mien s'st il perdu, enfermé dans une bulle où il ne réagit plus qu'à la rareté des sentiments, à la parcimonie de ceux qui ne rêvent pas, qui ne dansent pas, qui se sont fermés à la beauté du monde et à la profondeur, la houle des sentiments, à la sécheresse de ceux qui décident, tranchent, ordonnent, frappent, explosent, rayent? Où s'est effacé cet homme mien, fragile, tendre, que j'ai tenu en mes bras et qui redécouvrait l'amour d'une femme pour lui,  la lumière qu'il faisait naître en ses yeux, les mots qui naissaient de lui et qu'elle lui offrait, jour après jour, souffle après souffle, cet homme mien qui  redécouvrait qu'il était homme à aimer et non pas à malmener, ?
Où s'est estompé l'homme mien qui faisait d'un de mes mots une respiration et un élan?
Combien de douleurs l'ont laminé? Combien?
Alors je vais t'attendre. T'aimer et t'attendre. T'aimer et t'espérer. Prier pour une paire d'heures volées au temps et à la sclérose des choses. Me dire que tu viendras, un jour. Que tu trouveras un tout petit moment pour la femme qui t'a fait Lettre  Infinie et qui te tient en elle, te porte en elle, sans jamais faiblir, sans tomber. Elle t'aime cette femme, elle t'aime. Elle ne te fera jamais de mal, elle ne te blessera pas. Elle t'aime à la mesure de ses moyens, paumée entre son corps que tu ne désires plus et son amour de toi.
Alors elle t'attend. Elle n'a rien à t'offrir hormis cette attente et cet amour, rien, pas de famille, pas d'enfants, pas de vie pliée et bien rangée, pas de nuits partagées corps à corps, pas de repas, pas d'intimités, pas de souvenirs à évoquer ensemble, pas de gestes amoureux à partager. Elle n'a que ses mots, même pas de corps à offrir car elle n'est pas corps désirable. Elle est devenue juste esprit. Elle n'est pas à désirer. Elle est à aimer en esprit. Elle n'a même pas de larmes à t'offrir. Elle a juste cet amour pour toi.
Elle n'est pas belle. Elle a juste ses mots.
Elle est même devenue pauvre. Elle n'a plus rien pour t'éblouir. Elle a laissé toute sa vie derrière elle et essaie de s'en construire une nouvelle. Elle n'a même plus d'habits à porter pour te plaire, juste ces voiles que tu n'aimes pas. Elle n'a rien. Ni bijoux, ni souvenirs... Rien. Elle est pauvre et paumée, en transit d'elle même. Elle n'a pas honte de ça mais elle se sent parfois comme une mendiante. Elle est bête mais elle n'a plus que son orgueil. Elle essaie de te rendre ce que tu as fais pour elle, ce que tu fais pour elle. Elle n'a que ses mots pour ça. Que ses mots. Elle a juste gardé ça. Elle ne possède plus que ça et, aussi, cet amour pour toi. Ses mots et son amour. C'est peu, je sais. Elle est avec toi via ce blog, tout le temps. Elle essaie de mettre du bonheur en ton coeur en t'écrivant. Elle essaie d'adoucir ta vie et tes réalités. Elle essaie. Elle essaie de t'offrir de la normalité, de la douceur. De t'offrir ce qu'elle est et qu'un autre homme a tenté de tuer avec ses poings. Elle t'écrit parce qu'elle te parle ainsi. Elle t'a promis de terminer son roman. Tu y es. C'est tout ce que j'ai à t'offrir. ça et mes mots de l'attente. Elle t'a raconté sa vie d'avant. Elle a beaucoup pleuré devant toi. Elle ne sait pas jouer ni calculer. Elle t'aime. Elle vit comme elle peut. Elle est seule. Elle est heureuse et malheureuse. Elle a besoin de tes bras parfois. De tes bras. Que tu la prennes contre toi et que tu la tiennes serrée. Juste serrée. Elle a passé toute une vie sans pouvoir être prise dans les bras ou tenue par la main... Elle étouffe de solitude. Elle n'ose pas demander. Alors elle utilise l'humour pour demander, pour ne pas fâcher, pour ne pas énerver... Chez elle ça s'appelle l'instinct de survie. Eviter la colère envers elle, ne pas provoquer l'autre par une demande... Je fais ça aussi avec toi. Je n'y peux rien. J'apprends à ne plus avoir peur. Elle a besoin que tu la prennes dans tes bras, un peu. Un peu. Un peu. Elle se sent inutile, tellement inutile. Elle est bien quand elle est dans ton espace. Mais elle a aussi besoin de tes bras parfois. Elle a peur ce soir. Elle est fragile, elle est forte. Elle a peur de lasser. Elle a peur d'énerver. Elle a peur de demander. Elle ne sait pas prendre. Ce soir j'étouffe du manque de tes bras. J'étouffe. Et même ça elle a peur en l'écrivant. Elle a peur de te fâcher. Elle sait que tu es un homme bon, que tu ne taperas pas. Mais la peur est toujours là. Alors elle mendie. Et elle déteste ça. Elle hait ça. Et elle comprend ce qui ne va pas dans son attitude. Mais, mais, mais...
Tu n'es pas venu ce soir, comme tu n'es pas venu la semaine dernière.
Elle t'attend et elle t'aime. Elle t'attend et elle t'aime. Elle t'attend, coincée dans un calendrier trop lointain pour elle, où elle n'a pas de place. Elle attend que revienne l'urgence. Peut être...
Je vais me coucher. Un autre jour est passé. Je ne t'ai pas eu à moi. Je ne t'ai qu'en te regardant avec une autre, dans vos gestes de tendresse, moi la silencieuse, moi la frontière. Je te vis sans te vivre. Je t'aime, c'est ma seule vérité.
Mais ce soir j'ai mal. Je devais te le dire. Je te dis toujours tout, mes joies, mes peines. Ce soir j'ai mal. Je m'étais habituée à ces tout petits moments, de loin en loin. Ils me mettaient en joie. Ils me permettaient tout, même toi et elle.
je ne les ai même plus.
Et ces foutues idées noires, ce foutu regard sur moi que je porte, cette détestation de moi ce soir, malgré l'amour que j'ai pour toi.
Je t'aime... C'est tout. Je t'aime. Je ne peux rien contre ça. Mais je ne t'aime peut être pas bien. Pas comme tu le désirerais. Peut être qu'il te faut une femme dure, une femme si dure qu'elle t'endormirait dans le souvenir de toi.... Peut être que je ne suis pas assez dure pour t'aimer et pour que tu aimes....
Pardonne moi alors... Mais la méchanceté et la dureté je ne sais pas faire. L'humiliation je ne sais pas faire, taper je ne sais pas faire, laminer non plus. Je ne sais pas faire. je ne sais pas ordonner, t'ordonner, te rabaisser. Mais je sais une chose : tu es homme à aimer, tu es un homme bien, un homme à respecter, même si tu l'as oublié. Et j'aime cet homme là.
Je t'aime. Je t'aime. Je vais t'attendre...

MMD

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