mercredi 28 décembre 2016

Journal d'un bord de soi (à lui...)..... suite

On dit de l'amour qu'il se construit, qu'il se tisse. Non. Moi je crois à l'amour percussion, celui qui te rentre dedans, celui qui t'est souffle manqué. Il faut s'empoigner pour s'aimer. Un instant avant nous sommes seuls. L'instant d'après nous sommes deux.
Quand est-ce que j'ai aimé cet homme, que je suis tombée en lui, qu'il m'a bousculée, renversée?
Ce moment où tout bascule, où tout devient évidence, clarté absolue?
Une hypersensibilité à l'autre...
Il m'a percutée, a ravagé mon souffle, a arrêté mon coeur. Depuis je n'entends plus que ces battements irréguliers.
Je suis tombée dans ses yeux et sous sa bouche. Tout simplement. Quand nous nous sommes embrassés pour la première fois une digue a lâché. Pendant que nous nous apprenions,  le goût de l'autre, sa salive, la douceur de sa langue, ce souffle qui se fait hésitant et un peu plus rauque, la gestuelle érotique de deux corps qui se cherchent, dans un coin de cette terre vierge qu'avait fait naître le big bang je réalisais cette chose, ce sentiment puissant du " Tu es mon autre; je te reconnais comme tel, je te prends comme tel".
Voilà ce que fut ma rencontre avec lui : une tempête et, en même temps, un calme profond.
Et la première fois après l'amour, après la faim, après le plaisir, la première fois où il m'a offert son grand corps, étendu là, à ma lisière, à mes mains émerveillées par cette immensité faite homme, ses fragilités avouées, ses douceurs, la ligne du torse, la respiration qui murmure, j'ai commencé à tisser ces liens de lui.
L'impatience du corps, le frisson, ce vide qui aspire en moi, les papillons dans mon ventre...
Son regard qui me fixe, par delà la musique, ce regard particulier qu'il a, cette couleur des yeux qui m'est étrange et qui me raconte ce qu'il ne dit pas avec les mots mais dont son corps se fait portée de notes.
Il m'est homme regard, homme qui murmure, homme qui s'abandonne, qui ose petit à petit, comme un enfant qui ébaucherait le grand saut et qui, doucement, s'ouvre à la vague.
Depuis quand une femme ne s'est elle pas abandonnée dans ses bras, pleinement? Depuis quand n'a t'il pas été aimé mon homme audaces et retraits, mon homme détresses?
Je le regarde, je le regarde, cet homme mien, devenu mien, cet homme qui s'est perdu à lui-même et qui a la mer comme rêves, l'Océan pour respirer.
Il m'a fait don de lui. Je l'ai pris, j'ai ouvert ma bouche et mon âme et je suis partie prendre la main de cet homme perdu.
L'amour brûle dans les doigts qui s'accrochent, dans le goût ocre d'un corps qui s'ouvre, dans la parole chuchotée dans une pénombre, dans des regards qui se mangent de loin, dans un moment simple où un homme et une femme sont juste face à face, banalités d'une cigarette échangée, sensualité d'un geste esquissé, le désir et la parole...dans ce doigt posé sur les lèvres qui dit qu'il faut laisser les silences mettre des couleurs et des profondeurs à ce qui ne se dit pas mais qui s'entend, comme une musique perpétuelle, un pas de deux où l'autre est cette plage où l'on s'endort.
Il m'est cet esprit qui répond à mon esprit. Cette facilité, cette fluidité de la rencontre.
Je le regarde cet homme mien qui se redécouvre lui en mon ventre, en ma peau, en mes mots de lui, en ma bouche.
Je le ramène à ce qu'il est, cet oiseau, cet homme beau, cet homme centre, cet homme mal aimé, cet homme paumé. Je le lui dis.
Je lui raconte que ses doigts sur mon épaule font mon monde, que je tangue sous ses yeux, que sa voix me chavire, que sa bouche m'est voyages, qu'il m'est poésies et ciel et nuages et désir.
Qu'il m'est air et respiration, coeur et corps. Qu'il m'éblouit et me rend à moi-même...
Que quand il referme ses bras sur moi, je retrouve le pays perdu. Que ce pays c'est lui.
Il m'est langue étrangère et familière. Ma langue...


MMD









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