vendredi 30 décembre 2016

Lettre à la mer, lettre d'un bout du monde à un bord de soi.....

Lettre d'un bout du monde, ma bouteille à la mer, mes mots devenus vents et toujours plus haut, toujours plus loin les lancer.
Il faut aux vies des bouts de monde, des bouts de soi, des bords de nous, là où tout est espace. Et marcher de bords de soi en bords de soi, de bords de moi en bords de lui.
S'asseoir, respirer, poser le regard au plus profond, ouvrir, ouvrir...
Tournoyer, tournoyer, n'être que cet atome aux bras ouverts, au visage lancé au ciel... D'un atome à un atome, écrire le monde, tourner les désirs, les manques.
Et l'atome tourne. Il est fulgurance. Il est lumière. Il a pris le chemin d'un autre bord de soi, frontière effacée, celle qui sent le vent, la mer, la terre, l'infini inscrit en mon regard, cet infini face à ce qui danse.
Dans ma bouteille que je jette le plus loin possible, tournée vers l'horizon, par delà les terres, les rivières, les mers, les criques, les villes, les phares, loin si loin, j'ai enfermé un oiseau, pour dire à l'autre bout du monde qu'au bord de moi il est, que je m'endors dans son sourire.
C'est ma lettre de naufragée, ma lettre des dunes, des soleils, des mains sur mon ventre.
Ma lettre du bout du monde. Je souffle doucement sur ma lettre pour que les mots renaissent odeurs, touchers, sa peau..
Il entendra peut être mon bord de lui, mon bord de moi, mon bout du monde...
Et l'oiseau pour murmurer qu'au fond de ma bouteille j'ai enfermé mes seins, ma bouche, les musiques, celle qui tournoie et celle qui tape contre mes sables, ce bord de moi qui m'est lointains et présents, mes entre secondes...
Dans ma lettre d'ici je lui dis que je redeviens libre, en cavale de moi, qu'un bout du monde s'est fait bord de moi, qu'une petite fille s'endort enfin. Elle a accompagné une femme pendant toute une vie. Elle s'efface et se rend à la mémoire. Elle dit à cette femme "Aime, sois aimée. Tu n'as plus besoin de moi, plus de peurs, plus de douleurs. Mets toi dans la bouteille et va..."
Dans mon bout du monde que je lance vers mon bord de moi je parle ma langue familière, celle d'une voix qui murmure et qui m'a offert des silences comme des aubes, des crépuscules, des nuits qui nous regardent partir. A ce bout de moi, bout de terre, bords des mondes, je n'ai à offrir que cette langue des intimes. La seule que je connaisse. Je l'ai mise dans ma bouteille, avec l'oiseau, avec le chant, avec une musique, avec le désir...
Je lance mon bord de moi au bout d'un monde... Un bord de moi est devenu regard.
Ma lettre d'un bout de monde à un bord de soi ....

MMD




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