samedi 18 mars 2017

Ainsi

J'éprouve toujours ce besoin intense de t'écrire, de continuer à te parler. Ma parole ininterrompue, celle que je porte, celle qui me fait marcher vers toi, même quand...
Dans cette parole je dépose ce qui tourne en moi.
Mon chemin de toi est cette parole, étrange parfois, lassante aussi sûrement. Toi l'homme des silences te voilà dépositaire de ma langue des mots, de tous ces sentiments de moi.
Il y a eu ma Lettre Infinie, notre aussi. Elle continue. Elle sera poésies et livre. Elle n'a de sens que si tes yeux s'y posent.
Je ne sais pas t'aimer autrement. Je ne sais pas aimer autrement. Tu fais partie de cet amour que j'ai en moi. Tu fais partie de moi. Et je ne sais dire que l'amour.
Dans la familiarité qui s'est installée, ce ronronnement des habitudes il faut une fenêtre qui s'ouvre, un espace libre qui permette tout ce qui est en moi.
L'amour est parfois douloureux. Alors je dis tous ces silences. L'amour est parfois si douloureux. Simple, si simple et si douloureux. Osciller en permanence entre le permanent et l'impermanent. Le tangible et la trace, la brûlure et le souvenir d'un souffle.
Je suis morte pendant 30 ans de tous ces silences. Tu le sais mieux que quiconque, toi ma lumière, mon sensitif qui laisse parfois vivre l'homme que tu portes au fond de toi, celui qui n'est pas corseté par les quotidiens et la perspective d'un avenir que tu vois sombre, celui qui a déposé les armes le temps d'un amour, d'une pénombre, d'un désir.
C'est cet homme là que j'ai percuté, quand ses yeux s'embrumaient soudain. Je l'ai endormi dans mon roman, celui que je t'offre parce que tu m'es rédemption et pardon et renaissance.
Cette Lettre Infinie est à toi. Et dans la platitude des quotidiens, quand tu t'envoleras dans ta mémoire et tes ailleurs, tu l'ouvriras. Elle te dira qu'une femme t'a aimé inconditionnellement, profondément. Qu'elle est venue vers toi quand tu avais baissé la garde, que tu tentais de juguler tes émotions et tes envies d'envol. Qu'elle est tombée amoureuse de toi parce que tu lui offrais tes fragilités. Je n'ai pas aimé l'homme trop sur de lui. J'ai aimé l'homme qui me racontait... J'ai aimé l'homme qui me murmurait... J'ai aimé l'homme qui me donnait sa tendresse et tous ses rêves...
J'ai continué à l'aimer cet homme redevenu presqu'un enfant entre mes bras. Je l'ai aimé si fort. Je l'aime si fort. Il me fallait tes fractures, tes blessures pour que je puisse poser ma tête sur ton épaule et me laisser guider.
Te donner sens quand toi tu ne trouvais plus de sens à ta vie.
Te donner sens quand tu ne te voyais plus. J'y ai mis toute ma volonté à te faire émerger, non pas nu mais revêtu de toi.
Cet homme m'a permis l'abandon. C'est parce que tes mains étaient vides que je m'y suis posée. Je ne me suis pas sacrifiée comme tu aimes à le dire. J'ai décidé de vivre. Pas de sacrifices. Et même si je ne t'ai pas comme l'absolu le voudrait, j'aime ma vie dans tes frontières.
Je te vis. Je me vis.
Je t'ai aimé en musique. Il fallait, il faut, une musique à ce sentiment amoureux. Qui mieux qu'un poète mystique soufi pour dire la danse des atomes, pour mettre en mots ce balancement perpétuel entre un homme et une femme?
Je t'ai donc aussi offert, dans ma Lettre Infinie, Rûmi pour que l'amour que tu as eu et que tu as pour moi ait une texture, pour permettre la digue qui lâche et qui lâchera un jour. Quand le temps de la douleur viendra. Le temps des larmes.
Il te restera, comme à moi, Rûmi et tous mes mots. Ils raconteront au monde, à notre monde de l'absence, qu'un homme et une femme se sont rencontrés dans un espace qui les a grandi. Qui a fait d'eux la naissance du monde. Qu'ils ont, au travers de cette musique, été et une nuit et un jour, tous les possibles et tous les impossibles. Qu'ils ont pris en leurs bras cet autre qui avait besoin d'eux.
Rûmi te racontera que des atomes venus des confins de l'univers ont fusionné, qu'ils s'attendaient depuis des siècles, qu'ils ont entamé une danse devenue Lettre Infinie... Qu'ils ne savent pas combien de temps durera ce moment de genèse. Mais qu'ils dansent et que le reste de l'Infini les regarde danser.
Ils sont devenus plénitude lors de moments volés. Ils sont sens du monde et de toutes les histoires. Ils n'ont rien créé. Ils sont neufs. Ils sont vieux. Ils dansent.
Ils...
Je ne sais pas t'aimer autrement, je ne sais pas t'aimer ailleurs que sous ton regard. Je suis ainsi faite. Cela te lasse parfois. Cela te rend heureux aussi, toi mon homme silencieux.
Alors je ne te dirai pas que je t'aime. Je ne dirai pas combien tu manques à ma vie. Je ne dirai pas combien je t'attends, toujours. Je ne te dirai pas l'attente de petits messages. Je ne te dirai pas que je suis heureuse quand tu es là et quand tu occupes mes pensées. Je ne te dirai pas que tu es l'homme de ma vie, mon pays et ma maison.
Non, je ne te dirai pas tout ça.
Je te veux juste te dire : continue à danser et à me danser, à nous danser, sans laisser la raison tuer ce qui est beau.
Danse, danse... Je danse pour toi, pour nous.

MMD

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