lundi 14 août 2017

J'ai repris possession du bureau. Je n'y arrivais plus, comme entrer dans une obscurité qui ne serait pas bonne, emplie de souvenirs, pleine du son d'une voix et des vibrations laissées par un geste d'amour, le tien, quand tu as dessiné cet endroit pour moi, de moi.
J'ai repris possession du bureau. J'ai retrouvé mes gestes, l'espace, les dessins, tes cadeaux. Je suis assise là, en cette pièce et je reprends ta place. Je t'aime.
Je t'écris, je te parle. Il y a la musique, ce musicien que tu m'as offert un jour. Et toi. Toi partout, tout le temps, partition mienne, note mienne, musique mienne. Partout en moi. Je devinais que le sentiment amour, le vrai, pas celui que nous appelons amour pour combler nos peurs et nos manques et qui nous fait confondre l'élan avec le vide, rendait tout lumière, comme une silhouette imprimée sur une autre silhouette. Qu'aimer c'était aussi cette perception de l'autre en soi, cet effacement de soi pour entendre l'autre. Malgré mon poing fermé et mon acharnement à tenir bon, à tenir debout afin d'aller parachever ma destinée, de pouvoir percuter mon atome que je savais tournoyer aux confins de ses univers, malgré la laideur et la violence, j'ai toujours su qu'un jour j'allais aimer à en perdre la respiration, que j'allais t'aimer toi à qui j'ai écrit des années entières, des années misère. Toi que je savais mais que je ne connaissais pas. Je savais que tu allais chavirer ma vie et que je deviendrais partie de toi et qu'une musique serait nos yeux accrochés l'un à l'autre.
Hier je parlais avec B. Parce que j'ai besoin de parler de toi, de nous. Face à la mer, dans le vent, dans le souvenir, je t'ai déroulé, dans la tendresse, dans une mémoire qu'elle connait. Nous avons effleuré l'homme que tu es... J'ai besoin de cette parole de toi, besoin de parler de toi parfois. De partager ma joie et ma peine avec quelqu'un qui te connait, qui nous connait et qui a la bonté du coeur en offrande au monde.
J'ai besoin parfois de pleurer auprès de quelqu'un. De te pleurer et de t'aimer en mots autres que cette Lettre Infinie. Elle croit en nous , elle croit en toi. Elle a cette sensibilité qui fait qu'elle t'a deviné depuis longtemps, qu'elle connait tes fractures, ta vie malheureuse... Elle et moi t'avons mis dans le vent pour que tu m'entendes.
Je suis là. Peut-être que ce lieu que tu m'as construit n'est pas le bon pour t'attendre. Dans ma tête je suis déjà en train de repartir, pour rentrer là bas où mon attente aura plus de sens, dans ces terres où je te sentirai plus proche et où je n'aurai qu'à tendre la main pour te toucher.
Peut être me faut il une autre fuite pour te trouver toi.... Peut être.
Quand je suis arrivée ici je fuyais la peur, la terreur, la mort qui arrivait, cette vilaine mort, celle au bout des poings d'un homme. Et je savais aussi qu'il y aurait tes bras et ces quelques mois où je te verrais... Juste ces quelques mois qui me furent vie... Le reste importait peu. Je savais que tu allais partir. Mais ces quelques mois m'ont aidée à ouvrir mon poing, à accepter... Je crois que tu sais tout ça, même si nous n'en avons jamais parlé, ce besoin désespéré d'être prés de toi, de te savoir proche, dans la même ville...Tu ne sauras jamais combien tu me fus vital alors, vital.... Mais ma valise n'est pas vidée encore. Je vais surement repartir là haut; t'attendre. T'attendre. Je ne sais pas encore. Pour le moment je vis ton absence et j'apprends.
Et je vis. Je tiens. Je tiens parce que tu existes. Je tiens parce que je sais que je t'habite.
Je t'aime.
Je regarde ces moments de tes envols. Je te regarde. Tu as maigri. Tu as de nouveau ces plis amers au coin de la bouche, comme quand, t'en souviens-tu, j'étais assise face à toi, juste avant nous, je ressentais en moi, brutalement, les ondes de tristesse que tu dégageais, que je les recevais comme des coups de poing.... Que je te regardais toi et tes yeux au bord des larmes et que je pensais " comment ses amis ne ressentent ils pas combien il est malheureux malgré les sourires?".  Que je te recevais, déjà... Tout a commencé dans ce moment où tu étais boule de souffrance et que tu jouais à faire semblant... Et a continué en cette soirée première...
Je regarde tes moments où tu es reparti tutoyer le ciel et les nuages... Je t'aime. J'aurais aimé être là, partager, te regarder repartir là haut, là où tu es toi. Mon homme du ciel, mon homme de la mer... Pas de prison. Homme des voyages....
B m'a dit que tu m'aimais aussi parce que je te permettais tes rêves alors que l'autre s'attelait à les briser... Que tu m'aimes aussi parce que je sais que tu auras un jour un bateau et des mers à emprunter, à rêver, à empoigner. Que tu m'aimes aussi parce que je crois en toi, profondément, que je te rends à toi, à tes talents, à ta sensibilité, à tes musiques.
Que je ne te lamine pas. Que tu n'es pas, pour moi, une sorte de "business plan", avec objectifs à cocher : avoir un mari, comme les autres femmes, des enfants, même s'il n'y a pas d'amour.
Elle a raison. Je ne t'ai jamais enfermé dans une liste, ni dans un plan. Je te vis, c'est tout. Je me bats pour que tu gardes tes rêves et je sais que tu les vivras. Je te vis. Pas de plan, pas de stratégies, pas de colères de déception ( comment vivre bien quand on utilise un homme que pour avoir une vie comme les autres?) qui disent qu'un plan sans amour n'est que tromperie et mensonges...
Je t'aime toi. Toi. Homme mien.
Tu m'as dit que je t'apportais la douceur, la paix, du bonheur pour toi et eux. Mais n'est ce pas ça aimer? Cette plénitude, ce sentiment parfait? Je t'aime ainsi parce que je ne sais pas aimer autrement.
À l'amour il faut de la paix, des doigts qui se touchent, un Je t'aime murmuré, des petites choses partagées, des enfants qui viennent vers toi et qui se calent contre vous, un homme qui pose ses yeux en un regard, des lectures partagées, des films à voir ensemble, des absences, des désirs qui brûlent, des mots d'amour et des mots du sexe...
Tu m'as apportée, toi aussi, de la paix, une évidence, une urgence de moi...
Et, là bas, tu m'as endormie en ton épaule et ton odeur et m'a rendue à moi-même dans la nuit pleine de vent et du bruit de l'eau.
Je t'aime. Garde moi en toi. Parle moi. Parle moi. Écris moi parfois, même un Je t'aime fugace.
Je t'aime. Tu me manques homme mien, mon amour, mon aimé.
Je t'aime. Regarde moi et aime moi, aime nous, crois en nous et, surtout, crois en toi. En croyant en toi tu nous attendras... Souviens toi qu'un bateau nous attend et une vie, toute une vie de confins et de centres...
Je t'aime.

MMD




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