lundi 28 mai 2018

Mon battement de coeur,

ce serait mentir que de te dire que je vais bien. Je suis là, à l'étroit dans ma peau, à l'étroit dans ma tête, comme démultipliée et faite de milliers de morceaux que je n'arrive pas à recoller.
Je suis là, dans ma prison.
Et quand je vais mal je repars au bord de ma mer intérieure. Tu y es. Il y a tout là-bas. Des musiques belles comme des prières, des moments partagés, tes yeux, ta voix, ce que tu m'as offert, des rires enfantins. Et mon écriture. Et mes mots. Et ma langue. Et ma poésie.
Au bord de ma mer je vis. Dans l'autre vie je meurs doucement. Je m'étiole. Les larmes au bord des yeux, le corps replié et non plus en envol.
Tu te sens désolé parce qu'il te semble que tu ne peux m'aider. Pourtant... tu ne sauras jamais combien un message, combien un appel, combien un rire de toi me tiennent debout. Tu ne sauras jamais.
Parce qu'en eux il y a toi. Et que toi fait partie intégrante de ma vie. Je sais que cela t'est étrange, toi le rationnel, toi l'occidental élevé à l'individualité, toi qui as d'abord appris à être seul. Alors que nous sommes tout, un tout, une "reliance", un lien profond à l'autre. As-tu oublié ceci homme mien, mon amour? As-tu oublié combien nous sommes fragiles sans l'autre? Combien cet autre est nous?
As-tu oublié la paix de l'abandon, le bonheur du partage, l'autre dans sa dimension si humaine?
J'ai besoin de toi? Oui. Non pas en ce fourre-tout imposé qu'est une vie commune, mais en ce lien qui nous construit et qui ne laisse pas l'amour mourir parce que nous serions paresseux et peu enclins à cultiver le miracle.
Oui, j'ai besoin de toi. De tes signes, de ta présence lointaine rendue à la proximité de ma peau et de mon âme. Besoin de tout ceci qui me dit qu'un homme mien m'espère. Et que je ne suis pas seule dans ma prison.
Sais-tu pourquoi je suis restée ici, dans cette ville en laquelle j'agonise? Parce que tu y étais et que je refusais de calculer. Et que les mois gagnés passés près de toi furent vie aussi.
Ne prends pas ce que je t'écris pour une sorte de chantage affectif. Je dis juste les choses. Non pas pour que tu te sentes coupable de quelque chose, ce dont tu n'as pas à être. Mais parce que je te déroule mes réalités.
Tu n'es plus là. Mais tout me parle de toi. Tout.
Oui j'ai besoin de toi. De la meilleure part de toi, celle que j'ai touché du bout de mon amour pour toi. Celle de ton coeur et de ton amour. Que tu ne sois pas là physiquement, je le vis. Cela importe peu tout compte fait. Car ce n'est qu'une infime partie de notre voyage à nous, en nous.
Mais je suis accrochée à tes signes. Ils sont langage qui me dit que tu penses à moi. Que tu ne m'abandonnes pas à ma solitude. Que tu ne me demandes pas de gérer tout toute seule, sans pouvoir te parler, t'en parler, sans pouvoir partager. Que tu as envie de savoir ce que je fais. Comment je vis.
Le sais-tu? Sais-tu ma vie?  Ou te contentes tu de mon amour, chose dématérialisée et fantomatique?
Je ne te demande rien. Je ne t'ai jamais demandé de quitter ta vie. J'ai demandé ton amour.
Aurais-je du être dans la "normalité" de tes quotidiens, dans la demande et l'exigence permanentes? Dans l'injonction? Comme celles auxquelles tu as fini par t'habituer et que tu appelles ton "couple" actuel?
À cela tu aurais pu répondre, d'une manière ou d'une autre. Je te sais mon amour. Je te sais.
Je t'aime. Voilà ma vérité. La seule. Je t'aime. Même quand j'essaie de fuir. Même quand j'essaie de te laisser. Je t'aime. Profondément. Je suis nue face à toi. Je ne cache rien. Je te protège. Je ne fais que ça. J'attends tes mots. J'attends tes apparitions. Je t'ai laissé décider. Moi l'orgueilleuse, moi l'habituée à décider et à diriger. Je l'ai fait parce que c'est ainsi. Et que j'ai accepté de poser pour la première fois de ma vie ma tête sur l'épaule de quelqu'un. Toi. Toi mon amour, l'amour de ma vie, l'homme de ma vie.
Je l'ai fait avec joie, sans calculs.
Je t'aime.
Et je te redis les mots que ton monde fait passer pour "ringards" : je t'aime, je t'aime de tous mes mots, de toute ma poésie, de toute mon écriture. Je t'aime parce que tu es ma vie. Je t'aime parce que tu es mon homme à aimer. Je t'aime d'amour fou. Je t'aime et t'aime encore et encore. Parce que je crois en l'amour. Je crois en l'autre. Je crois en son atome. Je crois que nous avons le choix de vivre nos destins ou pas. Et que moi j'ai décidé de le vivre, de TE vivre parce que je t'ai reconnu comme homme mien et que ton TOI me plait, physiquement et intellectuellement. Parce que tu es mon magique et mon magnifique. Et que tu sais me rendre entière. Même si parfois tu peux me faire mal.
Mais c'est ça aimer non?
Je t'aime.
Je suis là, au bord de nous, en bord de nous, en bord de tes yeux. Et je te parle mes mots des silences et mes mots du bout du monde. Je t'écris. Je t'aime mon lointain et si amour. Je t'aime.

MMD

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