mardi 30 décembre 2014
La brodeuse...
Je ne suis pas femme de solitude
en solitude, comme ancrée dans l'intemporel,
cet endroit d'entre deux où rien n'est tout à fait, où rien ne respire vraiment
je suis femme des multiples, d'abord duelle, aux frontières des mondes
je pense, je pleure, je chuchote les terres arides et les terres fertiles
Je ne suis pas femme de solitude, celle qui rend à la nuit les couleurs des jours,
qui fait du geste une écriture sèche, à l'âme envolée
ce lieu de tous les miroirs et du questionnement
je suis femme comme on naît homme, créature de vie, animal de sang
j'écris, je brode, je murmure à l'oreille des enfants mes langues de vie
Je ne suis pas femme de solitude
je n'ai pas de mon souffle la perception de ceux qui pensent savoir,
détenir les pouvoirs qui peignent de gris l'arc en ciel
je suis femme infinie, petite fille redevenant petite fille, dans la roue des aubes bleues
je mets mes yeux devant ma bouche et je dis à mes lèvres de me raconter l'histoire
Je ne suis pas femme en solitude, je ne peux, je ne sais pas être cela
je suis femme à aimer et femme qui enfante
dans les brumes des nuits qui offrent
je suis femme khôl, celle qui peint ses murs pour ôter les larmes
je tends le doigt et je regarde la lune
Je ne suis pas femme en solitude, celle qui broie, celle qui mange, celle qui expulse
je suis femme redevenant femme, dans la profondeur du puits
je vois l'image qui tremble de l'absolu qui est au bout, là bas, là bas
je suis femme, enfant devenant femme, femme devenant enfant
et, dans le sommeil des ailleurs, j'invente les lendemains
ils seront mon toit et mes yeux et mes murs et ma peau
et je redis, face à la porte ouverte sur l'étranger qui entre :
je suis femme, hors de toute solitude
entre et bois
allonge ton corps sur le tapis
donne moi ton langage pour que j'invente ma langue plurielle
Je ne suis pas femme de solitude
Dans l'iris de l'étranger qui dort, me voyez vous?
Mariem mint DERWICH
(Artiste : KUBICKI)
Pour mon amie Mona Mac DEE, elle qui écrit sur les nuages...
lundi 29 décembre 2014
Maux ...
Fille de rien disent tous ces mots des murs
Fille à personne chantent les cailloux
Fille pour rien dansent les vents
Fille sans sang
Fille sans peau
Fille sans coeur
Femme de l'ombre murmurent mes mémoires
Femme de la terre crient les oiseaux
Femme objet blatèrent les chameaux
Femme daba
Femme tortures
Femme calebasse
Fille des riens ricanent les biens pensants
Fille misère se moquent les yeux
Fille perdue fredonnent les langues
Fille équilibriste
Fille de l'abîme
Fille des enfers
Femme sans toit martèlent les coups
Femme sans amour tissent les vieilles femmes
Femme sans horizon soufflent la mémoire du corps
Femme de peu
Femme des abysses
Femme en apparence
Femme sans nom, sans lignées, sans honneur
Femme de rien, femme à personne, femme pour rien
Identités
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Christopher CUSEO)
dimanche 28 décembre 2014
Je renais....
Je me lapiderai jusqu'à extraire de ma peau tous les parfums
toutes les odeurs qui furent
je m'ouvrirai, encore et encore, jusqu'à ne plus être qu'abîme,
et j'ôterai les images, les paroles, les gestes
A m'en faire saigner les yeux, je brûlerai tous les ailleurs,
je t'effacerai, ferai de toi un fantôme, pâle imitation de ce que tu fus
je me lapiderai à en danser, danser encore, enfin libérée de ta parole,
en envol, loin, très loin, par dessus les herbes hautes
je prendrai ton nom, encore et encore, mélangerai les lettres
et je gommerai ce qui fut
Dans la splendeur de la mort d'un amour mensonge
je redeviens l'enfant éblouie, la femme qui marche
celle qui dessine les nuages, celle qui porte et qui dit,
je redeviens mon corps, ma langue, mes mains, mon ventre
Je renais dans la couleur des larmes
Je renais dans cette absence
je renais dans le silence
je renais, en miroir de ce que je suis
à l'aune de tes mirages et folies
je renais
et je m'envole....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Christopher Cuseo)
vendredi 26 décembre 2014
Il dit....
Je pars en petits morceaux
tous ces petits morceaux pointus
ces petits morceaux de moi,
accrochée à son regard
Il dit : tu ne sais pas aimer
il dit : tu ne sais pas vivre
il dit : tu ne sais pas la douceur
il dit : tu ne sais pas les mots de l'amante
il dit : tu parles trop
il dit : tu as souvent les lettres de la colère
il dit : ta vie n'est que barrières
il dit : tu es sans être
il dit : tu demandes trop
Il dit...
Et je regarde tous ces petits papiers sur lesquels sont inscrits
les mots de l'implosion
écritures acérées
scarifiant ma peau
Je dis : je suis
Je dis : je vis
je dis : j'aime
je dis : je suis l'amoureuse, la conteuse, la femme
je dis : je suis elle et elle
je dis : je suis tatouée, en cicatrices dessinée, en fractures
je dis : je suis monstre, je suis mots et paroles
je dis : je suis langue
je dis : je cours, je m'enfuis, je reviens, je veux
je dis tout cela et je cours après les morceaux de moi
je les empoigne, exige d'eux qu'ils redeviennent un tout
qu'ils redeviennent ma vie
je dis les choses du plaisir et celles de la douleur
les choses qui font pleurer, sangloter, arrimée aux spasmes
je dis les choses de la peau et du ventre
je dis : j'ai le coeur comme une aurore
je dis : j'ai le corps comme un voyage
je dis : je pense, je pense, je pense
je dis : je ressens, sensitive de l'ombre
je dis : j'ai l'abandon en mémoire
je dis : je prie
Quand, enfin, enfin, Mon Dieu, Mon Dieu, Mon Dieu
serais je celle là qui donne les envies du monde?
Quand serais je, enfin, enfin, à aimer?
Peut on se créer de l'obscurité?
Mon Dieu, Mon Dieu, Mon Dieu....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Guy DENNING)
mardi 23 décembre 2014
L'amante
Je décline ton nom sur le livre de ma peau
et je te raconte mes histoires, petits mots, petites lettres,
mes histoires du jour, mes contes de la nuit
je deviens l'eau sur ta bouche et, goutte qui roule,
je tatoue les virgules et les points des phrases tues
Je fais de tes murmures, de tes silences, une immensité
douloureuse et chaude
et je me replie dans ma voix qui monte du fonds de mon ventre
je te chantonne et me berce
je deviens le sel sur ta langue et, épine sucrée,
je lance aux vents tous mes désirs
Je fais de tes amours, de tes absences, une voile
à l'horizon déployée
et je me berce, encore et encore, dans les silences du monde
je te pleure pour ne plus t'aimer
je deviens le mot premier, celui qui enfante les matins
j'ouvre mes mains et j'empoigne le ciel
Je fais de tes vies ma broderie infinie
je couds les points sur tes yeux, fils de couleur, fils de nuit
et je me balance dans ma voix qui pleure
petite fille devenue soudain femme
je deviens le mot dernier, celui qui enferme les amants,
je me déploie, je tourne sur moi même et je ferme les yeux
Je fais de tes murs des arabesques posées à mes fenêtres
je te pose sur mes jambes, là où le monde s'ouvre
et je couche ma tête dans la splendeur d'une heure nouvelle
femme devenue soudain petite fille
je deviens les odeurs qui essaiment, celles des fleurs qui osent
je me démultiplie le long des miroirs et j'arpente les chemins
je fais de ton cou mon instant d'éternité
Entends mes mains qui parlent, qui écrivent
elles sont mains de femme, elles sont mains des mondes,
elles sont mains qui portent
elles sont mains amantes, sensuelles, plurielles
Elles sont mains sur mon visage refermées
et tu y dors
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Claire Villeret)
lundi 22 décembre 2014
Amour
J'ai tous les mots de l'amour
les mots du bout du monde
et les mots de la peau
Ceux que l'on effleure avec les lèvres
ceux qui caressent et ceux qui brodent
Je les porte comme des nuits bleues
en mes mains je les berce
et dans les jours de silence je les écris sur les murs
Ils chantent les corps et tous les papiers
les routes oubliées
et les maisons aux volets abandonnés
Je les porte, je les porte, je les porte
je les imprime dans mes yeux
et les dessine sur ma langue amoureuse
J'ai tous les amours des mondes
ceux des terres lointaines et des danses lumineuses
Ils sont murmures de femme
Je me replie sur mon ventre
je m'endors dans mes mots
je façonne les chuchotis de l'aube
Je les offre, je les pose sur les cils de celui qui entend
je lui ouvre le mot et tous les autres mots
je lui dis les paroles qui s'envolent
et les paroles qui brûlent
J'ai tous les mots de l'amour en partage
en offrande
à déposer sur la bouche d'un homme
J'ai tout cet amour immense, tellement immense
tellement immense
et je dis : entends les mots du bout de soi
ceux des intimités
J'ai tous les mots de l'amour en moi
et je les chanterai à celui qui est,
entre mes seins endormi,
à la frontière du jour
J'ai tous les mots des amours animales
des amours douceur
Entends les!
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Graham Dean)
mercredi 10 décembre 2014
Inspirations...
petits pas, petits pas,
je marche le long de la falaise
et je sème mes vies
J'ai en mes mains enfermé les instants d'ailleurs
coquillages qui soufflent leurs odeurs marines
chuchotant à mes oreilles les histoires du fonds de la mer
Dans mes cheveux j'ai tressé les comptines des hommes
je les écoute me sculpter toutes les vies et tous les regards
Je marche sur le fil de ma peau
sur la pointe des pieds je m'invente une danse
je marche au bord de mes cils
et je dessine les horizons passés
j'ai en mon ventre roulé l'amour, aimé l'amour
enfantements perpétuels repliés sur leurs coeurs
murmurant à mon cou les possibles cachés
Dans ma voix et ma langue et mes mots et mes multitudes frissonnantes
j'ai posé l'homme
Je marche, marche encore, petite fille et femme
en tourbillons de mes jambes, empoignée aux volants de ma jupe,
encerclée en bracelets de chevilles
je marche comme on inspire
et j'ouvre les bras, mes jambes, ma bouche, mes lèvres
je les ouvre jusqu'à devenir statue
et je porte mon amour
Je respire le vent salé
et dans les eaux je me lave
Inspirations.....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Aziz Kacimi el Hasssani)
mardi 9 décembre 2014
Mots en écritures...
Grimper, grimper, comme des mots,
des syllabes, des sons
corps en écriture
yeux liquides
Grimper, grimper, au bout de la langue,
tisser les phrases, les lettres endormies
mains en éventail
coeur tam tam
Grimper, grimper, tout au long des jambes,
dessiner l'arc en ciel
paupières teintées
silences des profondeurs
Grimper, écrire, écrire encore
des poèmes en envolées
notes jetées
papiers de couleurs
Grimper, inscrire, tisser,
tisser encore les voix qui viennent
les voix qui vont, les voix qui chantent
somptuosité de la peau en mots dépliée
Grimper, lettre après lettre, au sommet des arbres
regarder la plaine et les hommes
brûler ses yeux aux mirages bleus
chorégraphie des ailes de papillons en accents effleurés
Grimper, tout en haut, en ma langue soudain vivante
enfermer en mes paumes les souvenirs d'autres notules
les traces menues des sangs qui sont miens
grimper et écrire, écrire jusqu'à l'abîme
Ecrire le tout, écrire le rien, écrire les rires et les larmes,
dormir sur l'épaule de la lune
écrire les mots de la femme
les mots des voiles
les mots dévoilés
Ecrire, comme en magie du commencement
là où les sables ne sont qu'immensités
Ecrire, grimper, sculpter, empoigner, dire, dire encore
dire jusqu'à la déraison des infinités
Dire et écrire
et tourner, tourner, paumes au ciel
en offrandes de mots.
Dire et écrire les mots vivants
Les mots des mondes
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Mahi BINEBINE)
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Mahi BINEBINE)
dimanche 7 décembre 2014
Un battement de coeur perdu...
J'ai le coeur au bord des lèvres
étoffe suspendue aux vents
ceux qui touchent, ceux qui essorent
j'ai le coeur comme une main sur les yeux
en mots déchirés
J'ai la bouche au bord de la fenêtre
et j'inspire, j'inspire
toutes les odeurs et tous les rires
j'empoigne les couleurs de mes respirations
et je les émiette à la lueur des mes intérieurs
J'ai la peau en voyages éternels
et je la touche, je la griffe, je la caresse
tous les gestes et tous les ailleurs
le plaisir tapi au fonds de mon ventre
crépuscules des corps
J'ai les mains en ailes envolées
orphelines de toutes les lumières
et je lance mes mains à la face des statues
je sculpte leurs flancs
pour retrouver mon sens
J'ai mes mots du sombre, mots de l'obscurité
et j'écris, j'écris sur tous les tableaux
j'écris mes douleurs
j'avale l'amer
j'écris comme on a peur
J'ai le coeur au bord des lèvres,
en ma vie, acrobate des lendemains
il saute et saute encore
jusqu'au Pierrot qui regarde la lune
je le pose en mon cou
tatouages infinis
j'ai le coeur ainsi fait
qu'il est immense, étoiles,
j'ai le coeur douloureux
coeur de tous les espaces et de tous les voyages
j'ai le coeur qui implose
le coeur qui saute un battement
et dans ce battement perdu, il y a tous mes abîmes
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Patrick SINGH)
vendredi 5 décembre 2014
Mémoire...
J'ai la mémoire des mondes
la mémoire des matins de lumière
la mémoire des promenades
au bout des chemins, traces sur le ciel imprimées
J'ai la mémoire du corps
la mémoire des mains
la mémoire des gestes
animaux familiers, brodés au bout de la peau
J'ai la mémoire des odeurs
la mémoire des musiques
la mémoire des lèvres
j'ai la mémoire des petites choses
et des grandes choses
de toutes les histoires, celle des contes
et celle des toujours, des serments, des amours
J'arpente mes lieux de mémoire
exilée à moi même
je dessine les murs de souffrance
effleurant les fleurs de nuit
J'arpente mes lieux de mémoire
Immenses déserts, oueds, oasis, ergs, sillons, montagnes
J'arpente et je fredonne ce qui n'a pas été
je chante les notes de l'abîme
j'ai la mémoire des mots
J'ai la mémoire en éclats lumineux
yeux fermés, repliés sur les cils endormis
mémoire du plaisir, mémoire des usures
je tisse ma mémoire à l'immensité des rêves
j'arpente, j'arpente, je marche dans ma mémoire
et je prends la main du ciel
je m'allonge à la porte des hommes
je leur dis mes mots de mémoire
je leur dis "entendez donc le chant de mes mondes;
entendez la femme qui pleure, ouvrez vos bouches au vent du large;
entendez la femme sans traces; ouvrez vos portes"
J'arpente mes lieux de mémoire
Une petite fille m'y attend, atome tournoyé,
Elle me dit, cette petite fille estompée :
" Te voici enfin, toi la femme que je serai."
J'arpente mes lieux de mémoire et je me donne une vie
je pose mes mains sur les yeux de l'enfant qui parle
et lui murmure : " pardon".
Mariem mint DERWICH
(Artiste : David WALKER)
lundi 1 décembre 2014
Parce que l'amour d'un homme.....
Je danse
je danse parce que l'amour d'un homme
est musique
est rondes
est espaces et nuits et jours
Je danse les heures, les minutes, les secondes
celles qui enfantent le plaisir
et celles qui jouent
Je danse, en notes, en harmoniques
et je touche du bout des lèvres
les mots de l'amour
les mots de l'amant
les mots du corps
et les mots de pluie
Je danse dans les regards aux nuages offerts
oiseau de feu
à l'orée de sa vie, posée en tapis couleurs
Je danse parce que l'amour d'un homme
est chansons de gestes
palabres de l'ombre
je danse les murs, les horizons, les miroirs
et les chants de l'intérieur
Je danse, je danse
danse infinie, comme une prière de l'aurore
brodée dans ses mots
tissée dans sa mémoire
et toutes les mémoires
à la porte des caravanes je danse et je dis
je dis mes danses de l'amour de cet homme
Je danse pour lui, dans la moiteur des pages de nos vies
Je pose mon front et mes yeux et ma langue et tout ce qui est devant
et tout ce qui est derrière
et tout ce qui viendra dans les vents des lendemains
je pose mon corps aux frontières de son amour
Je danse, je ferme les yeux
Je danse l'amour de cet homme
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Helen Abbas)
vendredi 21 novembre 2014
A la bordure de nos paupières....
à l'abri des vents
endormie dans le soleil du soir
une cour
où nous serions
à la bordure de nos paupières
nous dessinerions les mondes
les secrets des abeilles
et l'odeur du miel
tu poserais ta tête sur l'oreiller
et laisserais tes yeux monter vers le ciel
tu embrasserais ce moment de paix
quiétude
aux rives de nous
il y aurait l'odeur du thé
la couleur de l'encens
et les parfums des fleurs de nuit
Il est un jardin, une cour
derrière des murs
alanguie et amante
une cour
où nous serions
nous écouterions les silences
les silences et tous les mots
les mots des crépuscules
les silences du coeur
aux bordures de nous
il y aurait le chant des oiseaux
le murmure du vent dans les palmes
le bruissement du sable à la porte allongé
Il est un jardin, une cour
où nous serions endormis
dans la torpeur paresseuse
des gestes d'amour
une cour magique, une cour ronde
et savourer, goûter sur la langue
l'instant présent
où nous serions....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Auguste Rodin)
mardi 18 novembre 2014
Solitude...
Il y a tous ces mots qui jamais plus ne t'atteindront
petits cailloux sur les pavés
couleurs de pluies
et derrière les fenêtres j'entends mon coeur battre
tambourin dans ma poitrine
à l'unisson de la peine des choses enfuies
il y a tous ces gestes qui ne seront plus lumières
petits mots des sens sur les murs
odeurs oubliées
derrière la porte de ton regard j'entends ma voix murmurer
notes amères et douces
en pierres lancées
il y a tous les matins partis au bout des horizons
ceux que tu ne verras plus
fantômes des ailleurs qui furent
et derrière mes paupières, tu dors encore mais tu n'es plus
vents et sables ont gommé les contours
je chantonne ma peine en berçant les regrets
il y a mes yeux qui épèlent tes syllabes
perles après perles enfouies dans l'abîme
tes syllabes qui furent
et derrière mes mains sur mes yeux posées
il y a les coeurs abandonnés aux ports
aux rivages des rires
oiseaux morts
de ceux qui ont tué l'élan et l'amour et la folie
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Lionel SMIT)
dimanche 16 novembre 2014
Exils
J'ai tous les exils dans mon exil
toutes les fractures, toutes les peines
tous les chants de ma mère
et les ailleurs de mes pères
J'ai tous les exils tricotés en écharpes
toutes les larmes
tous les ports
tous les départs
et le sang comme nom
J'ai tous les exils dans mon exil
tous les mondes et tous les hommes
toutes les prières de la nuit
et les couleurs du désespoir
j'ai tous les exils, ceux de l'âme et ceux du corps
tous les draps, les visages dans l'oreiller
toutes les noirceurs
tous les adieux
et ma peau comme une étrangère
j'ai tous les exils, de l'Espagne à l'Afrique
tous les sables et tous les minarets
les clochers des églises
et les places de villages
J'ai tous les exils, vols de nuit
soleils noirs
tous les trains en partance de moi
tous les regards portés
et la douleur comme une robe
J'ai tous les exils dans mon exil
je pose ma tête sur la poitrine de l'enfant
et j'écoute ma vie chantonner les brisures
je compte mes veines
je tatoue ma mémoire
et je dis aux nuages
Sauvez moi
regardez moi
vivez moi
aimez moi
donnez moi un lieu, une place, un nom, une identité
Je vous donne mes exils
donnez moi une vie
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Giovani Zanolino)
samedi 15 novembre 2014
Cocon....
mémoires de ma peau
dentelles des mots
couleurs des soleils, des lunes, des étoiles
et la voix de Fairuz comme un parchemin
J'écris sur mes yeux
tes noms multiples
en notes soyeuses
couleurs des sables, des amours, des pensées
et la voix de Fairuz comme effleurée
J'écris sur mes pages
mes histoires merveilleuses
enfant, petite fille éblouie
couleurs de tes silences, des abîmes, des plongeons
et la voix de Fairuz comme un baiser
J'écris nos histoires
en contes arc en ciel
pour raconter, raconter l'homme et la femme
couleurs des désirs, des vents, des perles
et la voix de Fairuz comme une danse
J'écris tout cela, en mots de feu
pour inscrire le temps dans l'infini
et dérouler la lenteur de l'amour
couleurs des aveux, des chuchotis, des prières
et la voix de Fairuz sur nos peaux déposée
J'écris la vie
malgré tout, malgré eux, malgré nous
pour dire aux étoiles l'odeur de mes cheveux
couleurs de tes mains, de tes yeux, des ailleurs
et la voix de Fairuz en cette chambre tourbillonnée
Je t'écris mes mots
mots de lune et mots en notes
mots vivants et mots morts
couleurs de demain
et la voix de Fairuz en colliers lumineux....
Mariem mint DERWICH
(Artiste David Larson Evans)
jeudi 13 novembre 2014
Péché gourmand....
bonbons
douceurs
sucrées
acidulées
Péché gourmand qu'est l'amour
d'un homme
Péché mignon
sur ma langue roulé
goûté
Ecouter les odeurs de tes mots
chantonner les nuages
caresser les vents
péché véniel que ton souffle
en mon souffle aspiré
Péché frissons qu'est l'amour
en tes mains endormi
Péché liquide
sur ma peau offerte
regards
Suivre tes mots amants
du bout de mes doigts tatoués
dire et dire encore
jusqu'à la fin de la parole
la musique de ta bouche
Péché mouillé qu'est l'amour
et tes yeux en mes yeux noyés
Péché de gourmandise
en offrande au monde
Et ta bouche en mon cou enfouie
Odeurs de sucre
caramel blond
cocon de plénitude
Renaître femme
à l'infini
de la douceur de tes bras
Fermer les volets sur nous
poser ma tête sur ton épaule
clore ta main sur mes lèvres
Dormir en ma gourmandise amoureuse....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Graham DEAN)
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Graham DEAN)
lundi 20 octobre 2014
Un jour je serai danseuse...de Mona
Comme un écho de douceur, à mon " quand je serai grande...", les rêves de Mona....Elle du Nord et Elle du Sud, Elles des mondes.....
http://monazarts.blogspot.fr/2014/10/un-jour-je-serai-danseuse.html
http://monazarts.blogspot.fr/2014/10/un-jour-je-serai-danseuse.html
vendredi 17 octobre 2014
Laideurs....
Je suis la nuit
la laideur, la laideur des choses
la laideur de ce qui aurait pu être et qui ne sera qu'obscurité
Je suis corps, ce corps qui saigne
ce corps en larmes
corps tortures, blessures
Je suis éparpillée, miroirs cassés,
mendiante, les mains ployées,
la honte aux joues
Je suis colères et abandons
Je suis sang, je suis laide,
je suis viscères
nerfs et peau
tendons
Je suis colères et silences
Je porte les enfers, en griffes aiguisées,
je suis les flammes
je suis consumée
je suis punie
Je suis colères et coups
Je suis expiations
tape
cogne
jouis
Je suis colères et esclave
Je suis mort, non désir, non amour,
je suis regards vides
Je suis laide, piégée
corps prison, corps souffrances
corps moqué
Je suis mes nuits et vos nuits
j'explose pour que vous vous sentiez mieux
Je suis la femme qui pleure
Je suis votre miroir
Mourir....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Guy DENNING)
mardi 14 octobre 2014
Chant du monde....
Je veux les bruits des mondes
tous les bruits
les fureurs
les tempêtes
les rochers brisés
Je veux les couleurs
les arcs en ciel
les éclats des pierres
les fleuves
les eaux profondes
Je veux les rires
tous les rires
les rires à en mourir
les rires des hommes
les rires des fleurs
Je veux l'herbe
la douceur
la glaise
le sable
les lits de feuilles
Je veux les arbres
ceux qui voient
ceux qui parlent
les arbres de vie
les arbres dressés
Je veux les yeux
les bouches
les caresses
les baisers dans le cou
et la tendresse
je veux tout
et plus encore
Je veux les vents
les vents des larges lointains
les vents dans les nuages
les vents qui piquent
les vents de midi
je veux tout
et plus encore
Je veux les vies
à perpétuité
striée
par les chants de l'univers
à perpétuité bouillonnante
Je veux la graine
et l'éternité des nuits
les jours de faim
et les jours de soif
Je veux vivre
en morceaux respirations
à jamais envolée
Courir
pieds nus
cheveux dénoués
dans le commencement de tout....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Safwan DAHOUL)
lundi 13 octobre 2014
Et...
M'égrener en chapelets
en prières
en mots des aubes du ciel
me rouler
en mes paumes
en arrondis
en notes chuchotées
Du bout des doigts
effleurer les yeux
souffler sur la bouche
mouiller la peau
dessiner des mantras
et
yeux fermés
respirer tous les vents
Boire les secrets, les abysses
les profondeurs
d'où la parole naît
et
renaître en laves
en textes, en hymnes lumineux
Me humer en odeurs moiteurs
sculpter le monde
en nuits infinies
nager
en mon corps puzzle
en rondeurs laiteuses
en contes murmurés
et
en ton cou psalmodier
les gestes de l'amour
les gestes des désirs
te raconter ce qui fut
ce qui est
traits, ronds, points, virgules, accents
la trame des doigts en partition de nous
lignes de vie
lignes de mort
et
sur ta peau m'enrouler
dormir en ton oreille
tendre les bras aux battements de ton coeur
et
te dire, te dire, te dire
jusqu'à la déraison des choses
te dire les crépuscules des hommes
les chants des griots
les oiseaux de l'aube
les vagues des dunes
les villes endormies
les noms des amants
et les noms de ma peau
M'égrener en toi
et
ouvrir les yeux
Mariem mint DERWICH
dimanche 12 octobre 2014
Quand je serai grande...
Quand je serai grande, je serai lumière, présence et absence,
pleins et vides, mots,
eux et moi,
immensités et espoirs,
chaleurs et glaces.
je serai celle là et plus encore.
je serai celle qui, celle pour qui.
Je serai joliesses, source, eau.
je serai cette femme...
Quand je serai grande, je ne serai que regard, silences,
mots tus, écriture de la peau,
chemins, arbre, étoile...
Quand je serai grande je serai à nouveau enfant.
Quand je serai grande je serai bras et souffles, amour,
aime moi,
je t'aime,
lumière, lumière, lumière...
Quand je serai grande, je recommencerai.
Quand je serai grande j'écrirai sur les nuages,
je leur dirai les rêves d'enfant.
Quand je serai grande je marcherai au fond de la mer,
les cheveux dans les algues, le corps en osmose.
Quand je serai grande je serai les mots de toutes les vies et les noms des fantômes.
Quand je serai grande je mettrai le monde dans mes poings,
les couleurs dans mes poches et je marcherai,
marcherai jusqu'à l'arc en ciel.
Quand je serai grande, j'ouvrirai les yeux.
Et je recommencerai...
Quand je serai grande j'écrirai,
je serai femme en écriture.
Je serai mots, tous les mots, même les mots aveugles,
les mots rage, les mots doux.
Quand je serai grande je serai calame, papier, lit,
rideaux, volets, nuages, couleurs.
Je serai encre et murs.
Quand je serai grande je peindrai les pierres, les grottes,
je serai chasseuse.
Quand je serai grande, je serai petite fille, en retours, en départs.
Quand je serai grande, je recommencerai.
Et je réinventerai les aurores,
chanterai les vents du soir,
je sculpterai l'argile,
je parlerai aux anges.
Quand je serai grande
je mettrai au monde les hommes enfants.
Quand je serai grande, je me donnerai un nom.
Et je recommencerai...
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Nancy ALMAZAN)
mardi 30 septembre 2014
La conteuse
Sur le sable je marche
j'y inscris mes noms
silhouettes tremblotantes
j'y inscris mes mémoires
manuscrits oubliés
et je marche
à en dessiner des chemins de traverse
Je marche, femme fantôme
aux voix infinies
enroulées le long des bras
et je marche
à en replanter l'univers
Je marche, sur le sable chaud
j'épelle les visages aimés
ceux qui sont
ceux qui ne sont plus
mes aurores à moi
et je marche
à en brûler le soleil
Je marche, femme palmier
femme parures
en mots rapiécée
et je marche
à en battre la poussière
Je marche sur cette terre lumières
obscurités des lendemains
j'appelle les horizons
pour y chanter mes vies
et raconter
et je marche
en voyage perpétuel
long chant d'amour
dans mes cheveux nattés
et je marche
j'ai les reins à la mesure de l'infini
le ventre en outre caressé
les seins en offrande
je marche, je marche
sur le sable
je marche
j'ai les yeux calcinés
de ceux qui ne voient que l'infini
les choses du chaos
et les choses immenses
Je suis femme
femme en devenir
femme en mains tendues
femme en prières
femme amante
femme endormie
Et je marche
dans mes mondes ocres
Je suis la conteuse
celle qui vous chante les symphonies
les histoires de vos vies
je suis la conteuse
je vous porte
je vous porte
Sentez vous mes mains sur vos yeux?
et je marche....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Ester Roi)
lundi 29 septembre 2014
Obscurités....
De fragmentations en fragmentations
comme un éparpillement de soi
en éclairs de douleurs
le terrible mutisme des sentiments
griffes pointues
sur le sang de la chair
Quand le poing fermé
n'est plus que le tout
la rage et la colère
quand l'impuissance des choses non dites
est vérité des autres
que devient on dans la tempête
Quand JE n'est plus que TU
porteur des fractures d'autres
quand la nuit n'en finit pas
d'accoucher d'une autre nuit
d'une autre nuit encore
Quand nos souffles ne sont plus qu'exutoires
aux colères des autres
que devient on dans la tempête
D'implosions en implosions
comme un égoïsme pervers
reflets des trahisons
que devient on dans la tempête
N'être qu'esprit, esprit
esprit envolé
esprit libéré
Etre aveugle aux regards
arrêter de se dire
à l'aune des duretés
des lâchetés
Se dépouiller de sa chair
morceau de viande après morceau de viande
n'être plus qu'esprit
pur esprit
quand JE est mort
que devient on dans la tempête
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Guy Denning)
samedi 27 septembre 2014
Que n'es tu...
Que n'es tu chapelet
grains après grains
à dérouler tes yeux
au creux des doigts aveuglés
Que n'es tu femme
chair après chair
à sculpter ta bouche
au creux des mots aspirée
Que n'es tu tapis
fils à fils
à tisser les silences
au creux de ton cou muet
Que n'es tu perle
en azur brisée
à griffer la peau
au creux de tes souffles
Que n'es tu lumières
en crépuscules de feux
à enchâsser les poèmes
au creux de ton ventre
Que n'es tu souffles et respirations
expulsions naissances
à écrire la musique
au creux de ta tête
Que n'es tu une
en sourires offerts
à dire les vies
au creux des songes
que n'es tu celle là
en odeurs de lait
à tamiser l'espoir
au creux de tes bras
Que n'es tu la lettre et la note
le lent cheminement des choses
l'âpreté des baisers
la moiteur des soirs de pluie
les désirs d'ailleurs
l'homme et l'enfant et le vieillard et la jeune fille
la douceur de l'eau
la graine roulée
le chant des profondeurs
l'amour sublimé
l'attente
Que n'es tu.....?
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Massimo Pullini)
lundi 15 septembre 2014
En mémoire de nous...
En mémoire de nous
en colliers mouillés
en gestes estompés
comme des soupirs sur la peau
il y a des rires et des larmes
des instants doux comme de la soie
des bleus infinis aux contours
dentelles
comme des frissons dans le ventre
en mémoire de nous
en instants douceurs
en mains en berceau
comme des chants profonds
il y a des je t'aime et des regards
des murmures en rideaux
des je, des tu, des nous
en liberté
comme des naissances en re naissances
en mémoire de nous
en plénitudes
en réminiscences
comme des poèmes de sable
il y a ce qui est, ce qui compte
mon amour pour toi
ton amour pour moi
en mots enfantins
en mots adultes
comme une pluie dans le cou
en mémoire de nous
en pas de deux
en je t'aime
il y a mes yeux dans tes yeux
ta peau ancrée dans mon souffle
ta bouche en fruits
et l'éternité qui nous reste
comme une rédemption
un chemin à peine ébauché
une histoire chuchotée
et l'instant fragile des doutes
des cris
des colères
En mémoire de nous
il y a toi et moi, et nous,
et le monde
l'espace
le réel et l'irréel
les possibles et les impossibles
les envols
et il y a nos deux corps
alphabet des désirs
et mon coeur immense
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Alyssa Monk)
vendredi 12 septembre 2014
Qui, qui es tu ?
Tomber contre les murs
tournoyer
rebondir
qui, qui es tu
partout les yeux
les voix
celles qui chuchotent l'innommable
celles qui égratignent les certitudes
Tomber contre les murs
qui, qui es tu
elles chantent
qui, qui es tu
qui, comment, quoi
qui, qui es tu
tomber contre les murs
Jeter sa langue le plus loin possible
n'en plus vouloir
qui, qui es tu
qui , qui es tu
qui, comment, quoi
le corps en tessons
qui , qui es tu il chante
pousser l'air, pousser la peau
fendre le ciel
fermer le poing
qui, qui es tu
qui, qui es tu
qui, comment, quoi
et entendre la voix terrifiante
du néant en écho
tu n'es....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Christopher Cuseo)
jeudi 11 septembre 2014
Mots à mots....
entre les mots, les mots vains
les mots des creux et les mots des abysses,
les mots dentelles et les mots cris
entre les mots des mondes
les mots qui roulent et les mots des absences
les mots forteresses et les mots velours
entre les mots des autres
les mots des enfances et les mots de l'eau
les mots des oiseaux et les mots du feu
les mots, en vallées étoiles
les mots du corps
les mots des mains
les mots des yeux
entre les mots des départs, les mots chagrins
les mots des parfums morts et les mots de fuite
les mots derniers, en mots soufflés
les mots déroulés, en danses minuscules
les mots jours et les mots nuits
entre les regrets et les espoirs
dans le labyrinthe des nuits
les mots folie, les mots miroirs
les mots d'elle
entre les mots, les mots vains
les mots des vallées offertes
les mots tissés
les mots contes
les mots histoires
les mots pleurés
les mots couchés
entre la vie et une autre vie
dans le néant des immensités
les mots rageurs, les mots amours
les mots d'eux
le mot premier
le mot ultime
le mot devenu mot
le mot sur les yeux posé
en bandoulière de mes multiples...
Mariem mint DERWICH
(Street Art. Artiste : Nme)
jeudi 4 septembre 2014
Houle
La houle
profonde
dans cette chambre aux murs couleurs
la houle
comme une marée originelle
ma joue sur ton dos
mes bras en virgules sur toi
et mon souffle pour écriture
La houle
en ressac
dans la pénombre
la houle
comme un pas de deux
ta bouche en ma bouche
la musique dans mes yeux
et tes doigts pour parchemin
La houle
en écumes
dans le clair obscur des désirs
la houle
à la mesure de mes hanches
ta peau en tapis d'ailleurs
les mots balbutiés
et mon ventre pour créer
La houle
pour enfermer le temps
le tatouer sur nos tempes
la houle
au pas de nos rencontres
ton corps en notes fruitées
mon cou en parfums
ma main sur ton visage
y voler l'instant
de ton abandon
L'amour comme une houle
lente, profonde, chaude, douce
La houle comme un poème
tes mots
mes mots
en déchirures des possibles
La houle et la lumière...
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Ademaro Bardelli)
mardi 2 septembre 2014
Bordures....
Au bord de tes yeux
me vois tu, posée comme une larme
enroulée en tes cils
calfeutrée en ton iris
Au bord de ta peau
me vois tu, nue et allongée
emmitouflée dans ta voix
prisonnière de tes mains
Au bord de l'abîme
me vois tu, piquée en ton ventre
déployée en couleurs
arrondie en soupirs
Au bord de nous
me vois tu, en lisière du chemin
un pas après l'autre
en découverte de tout
Au bord de toi
me vois tu, petite lueur tremblotante
comme posée derrière une fenêtre
en moiteur de la nuit
Au bord de moi
me vois tu, fragilité comme dureté
en papiers envolés
et mots brûlés
Au bord de nous
nous vois tu
petites silhouettes
en ombres, théâtre
rideaux
spectacle ébauché
en histoire ré inventée
Au bord de ta bouche
m'entends tu?
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Mstislav Pavlov
samedi 30 août 2014
En ton corps me suis endormie
J'ai fermé mes mains sur ta nuque
posé mon front sur tes mots
et j'ai suivi les chemins anciens
les chemins de mémoire
ceux des caravanes
et ceux des voyages
les chemins des passants
J'ai fermé ma bouche sur ton souffle
dessiné une couche comme une rivière
et j'ai entendu les nuits s'ouvrir
les nuits d'avant
celles des enfants
et celles des émerveillements
les nuits anciennes
J'ai fermé mes yeux sur ta peau
jeté aux murmures soupirés
les mémoires fanées
les mémoires du sang
celles des choses familières
et celles des amours d'antan
les mémoires en nous bercées
J'ai fermé mes jambes sur les aurores
emprisonné tes bras
et j'ai effleuré ton image
ton image en frissons caressée
ceux qui passent sur la peau
et ceux qui dessinent des couches éternelles
ton image en chuchotements aimée
J'ai fermé les fenêtres et la porte
et en ton corps me suis endormie
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Chagall)
ton image en frissons caressée
ceux qui passent sur la peau
et ceux qui dessinent des couches éternelles
ton image en chuchotements aimée
J'ai fermé les fenêtres et la porte
et en ton corps me suis endormie
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Chagall)
Mots vertiges
Ma terre est terre de mots
mots sarabandes
mots tidinits
mots griots
mots des crépuscules
et mots des oiseaux
Ma terre est terre de mots
mots des femmes
mots en arrondis
mots mendiants
mots des sables
et mots banco
Ma terre est terre de mots
mots des hommes
mots amoureux
mots immenses
mots des vertiges
et mots mouillés
Ma terre est terre de mots
en rondes mes mots s'embrassent
en bracelets mes mots hument les chevilles
en odeurs mes mots deviennent mots couleurs
mots des voyages
et mots de la mer
Ma terre est terre de mots
mots morts
mots vivants
mots inspirations
mots des creux
et mots des sommets
Ma terre est terre de mots
mots en caravanes sur les yeux envolées
mots forgerons
et mots feux
Ma terre est mots
et j'y tatoue mes lèvres
Mariem mint DERWICH
dimanche 24 août 2014
Murs
Perdre jusqu'à l'odeur de sa peau
la retrouver en morceaux aigus
la broder, patiemment, la recoudre
point à point
en fils maladroits
piqûre de l'aiguille
goutte de sang
porter le doigt à sa bouche
Perdre jusqu'au souvenir du soleil
le retrouver en rayons bleus
le réchauffer, interminablement, le recoller
lumière après lumière
en chaleur déformée
brûlure ambrée
douleur
souffler doucement
Perdre jusqu'au regard
le retrouver en cécités bégayantes
le filer, inlassablement, le renommer
image après image
en prisme tremblotant
éclair blanc
aveuglée
renaître au ras des cils
Perdre jusqu'au langage
le re sculpter en alphabet des grands larges
le graver sur les pierres, doucement,
lettre après lettre
le Alif comme le Lam
accrocher la chanson
balbutier la ronde des mots oubliés
empoigner sa langue
Perdre le souffle et rire
rire encore
rire à en pleurer
A en pleurer.
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Miroslav Yotov)
samedi 23 août 2014
Il y a...
Dans l'exil de moi il y a des milliers de nuages
des couleurs
des enfants qui jouent
des papillons
des odeurs
des sons en colliers
Dans l'exil de moi il y a des nuits immenses
des étoiles
des dunes caressées
des oueds en vertiges
des ocres
un fleuve en marigots
Dans l'exil de moi il y a des murmures
des chansons
des manguiers en guirlandes
des rires
des femmes envolées
des mains en ailes
Dans l'exil de moi il y a une petite fille
pointe des pieds
des danses
des rondes
des courses
des jeux en couleurs
Dans l'exil de moi il y a une femme
un ventre orgueilleux
des bébés
du lait
des chatouillis
des je t'aime à fleur de peau
Dans l'exil de moi il y a l'amour
des empreintes sur les lèvres
des baisers
des tatouages
des effleurements
des aime moi infinis
Dans l'exil de moi il y a mes mots du ciel
des caresses couleurs indigo
des chemins en colimaçon
des scarabées
des arrivées
des ports
Dans l'exil de moi
il y a tout ça
et il y à toi...
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Loui JOVER)
jeudi 21 août 2014
Ainsi est mon amour....
Je te roule
je te croque
je te goûte
je te chante
impertinence des urgences
Je te dessine
je te chatouille
je te bois
je te renifle
érotisme des absolus
Je te lie
je t'emperle
je te grave
je te touche
sensualité amoureuse
Je te dis
je te rêve
je te recrée
je te veux
insolence des envies
Ils diront que je suis folle
mais c'est belle folie que ton corps
Ils diront les mots du péché
mais c'est joli péché que de t'aimer
Ils diront les choses à dire et les choses à ne pas dire
Ils diront, ils diront....
Que peuvent ils contre l'amour ?
Je te roule
je te croque
je te goûte
je te chante
Ainsi est mon amour,
en lumières d'étoiles...
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Rodin, extrait du " Baiser")
mardi 19 août 2014
Lumière...
Quand j'ai tourné sur les rives de l'enfance
en voiles bleus,
sur tous mes horizons
là où le regard n'est plus
immense qu'il est
Quand j'ai ouvert mes bras à la hauteur des étoiles
en voiles rouges,
sur toutes mes mémoires
là où la parole n'est plus
atome qu'elle est
Quand j'ai dansé les mondes et les abîmes
en voiles de nuit,
sur toutes mes prières
là où l'homme n'est plus
chaviré qu'il est
Quand j'ai roulé mes cheveux en tresses fulgurantes
en voiles brodés,
sur toutes mes litanies
là où le début est fin
égrené qu'il est
Quand j'ai versé les eaux de tous les fleuves
en voiles encens,
sur tous mes mots
effeuillés qu'ils sont
Quand j'ai aimé les pierres, les odeurs, les chants,
en voiles de poussières,
sur tout ce qui est, sur tout ce qui sera,
j'ai regardé la lune
et elle m'a tendue la lumière....
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Guy Denning)
samedi 16 août 2014
L'heure bleue
C'est l'heure bleue de la nuit
la nuit rousse
la nuit opaline
la nuit rouge
l'heure des bêtes
aux marigots enchâssées
l'heure des hommes enfants
qui pleurent dans leurs rêves
des hommes enfants
qui balbutient
aux seins des femmes accrochés
L'heure des frissons
et des ombres emmitouflées
C'est l'heure bleue de la nuit
la nuit des étoiles
la nuit en eaux utérines
la nuit des femmes
l'heure des amours
en poussières clandestines
l'heure des mendiants, mains ouvertes
en leurs yeux repliées
l'heure des prières
et des blasphèmes
C'est l'heure bleue de la nuit
ma nuit rousse
ma nuit opaline
ma nuit rouge
j'ouvre mes yeux
et je bois mes nuits
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Roméo Castellucci)
vendredi 15 août 2014
Danser le monde
A demi mots
à demi notes
à demi clés
portées
noires
blanches
En Do, Ré, Mi, Fa , Sol
enjambées
respirées
En écorces de baobabs
à demi mots
tannés
effleurés
à demi notes
je danse
Je tourne, et tourne, tourne encore
au ciel qui s'ouvre
j'offre mon ventre
A demi mots
à demi notes
à demi clés
je natte mes cheveux
inscris sur mes paumes
mes merveilles
De mes reins je fais une table
de ma bouche une offrande
de mes bras une outre chaude
mes yeux comme des miroirs
j'enferme le monde entre mes jambes
et je le regarde
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Matisse)
dimanche 10 août 2014
Ta main
Dans ta main posée sur mon ventre
j'ai ouvert les mondes
dessiné les contours
et les arêtes
Dans ta main posée sur mon ventre
j'ai pétri le souffle
tissé la musique
et les notes
Dans ta main posée sur mon ventre
j'ai enfanté des oasis
creusé des puits
et des chemins
Dans ta main posée sur mon ventre
j'ai chuchoté tous les noms
tous les noms
secrets
J'ai effleuré tes sourcils
en cette main sur mon ventre posée
J'ai soupiré les lignes de ta paume
en ta main sur mon ventre endormie
J'ai posé ma main sur ta main en mon ventre posée
et dans la houle de mon ventre en ta main replié
j'ai dis les mots de nos mains en mon ventre caressé
Mariem mint DERWICH
(Détail. Artiste : Victor-Edmond Leharivel-Durocher)
Les mots bercés
Chez moi, les hommes ont pétri des mots,
des archipels
des îles, posées sur la mer et le ciel
des mots ponts, des mots histoires, des mots mémoires,
des mots amour, des mots prières,
des mots poésies,
des mots sang, des mots d'enfants
et des mots des femmes
Ils ont fait des mots oiseaux, emperlés aux ailes
des rêves
Ils sont mots des émotions, à la démesure
des immensités ocres
mots des absences
et mots des morts
mots des vivants
et mots premiers
mots derniers
mots ultimes
Ils ont fait des mots à dos de chameaux bercés,
des mots précieux
Ils sont mots courbés, déployés, lovés, dessinés
en zébrures de feuillages
mots des villes
mots des villages
mots des marigots
et mots des champs
mots griots
et mots contes
Ils ont fait, les hommes, des chants de mots
dans le vent soufflés
Mots d'azurs et mots de tempêtes
mots de l'eau
mots enfantements
des mots scarabées
et des mots serpents
mots calebasse
et mots voilés
mots bijoux
Ils ont fait des mots lait, des mots encens
mots de charbons et mots de thé
Chez moi, les hommes ont tissé des mots
et les ont enroulés en turbans
et ils ont laissé leurs yeux raconter tous ces mots.
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Nicène Kossentini)
vendredi 8 août 2014
Ont ils... ?
Quand ils se sont regardés au travers de mon regard miroir
qu'ont ils vu
les hommes de ma vie?
Quand ils se sont grandis dans mes yeux
qu'ont ils entendu
les hommes de ma vie?
Quand ils ont cru s'entre apercevoir, atomes violents,
qu'ont ils écrit
les hommes de ma vie?
Quand ils m'ont marquée, peau bleue, peau déchirée
qu'ont ils dessiné
les hommes de ma vie?
Quand ils ont vécu dans mes sourires
qu'ont ils chanté
les hommes de ma vie?
Ont ils dansé, ont ils bu, ont ils mangé?
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Mirjam Appelhof)
jeudi 7 août 2014
Les mots d'ici
Mots en écharpes pour dire
la terre
le lait
les femmes
le mil
les dattes
les dunes
la mer
Mots en turbans pour écrire
mon pays
comme un lit
comme un fleuve
comme un nuage
comme un enfant
comme des tresses
comme le vent
Mots en dessins pour murmurer
mes ici
en morceaux de perles
mes ailleurs
en gravures lumières
mes moi
en dentelles légères
mes corps
Mots en henné pour frissonner
dans l'immensité des nuits
les voix
les poèmes
les amours
les yeux
les couleurs
des hommes
Mots en fumée d'encens
effleurés aux portes des villes
mémoires déployées
en arrondis des infinis
Mots des autres
mots de nous
mots d'elles
Mots de mes yeux
ensablés dans les oueds
et moi qui m'envole
à la naissance des mondes
Mariem mint DERWICH
(Artiste : David Walker)
lundi 4 août 2014
Partir
Renaître
mourir
mourir
renaître
Implosion
il y a les petits chemins de rien
sur lesquels j'ai les pieds en partance
poussières
épines
pierres
et le ciel qui me regarde
Négation
il y a les fenêtres fermées
et le linge qui se balance
odeurs
lunes
sang
et la nuit au fond de tout
Douleurs
il y a les crépuscules aveugles
dans lesquels je me coule
la terre en bras apaisants
fermer les yeux
dire oui
et tous ces morts, mes morts
en multiples de moi
mes amours
mes enfants
moi en partance
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Glennys Barton)
dimanche 3 août 2014
A toi qui m'habites
A toi qui m'habites
je t'ai posé sur les sables
et de mes doigts je t'effleure
canevas, chatouillis, friselis
A toi qui m'habites
et dont le regard perce les palmes
je dessine l'infini des possibles
et te recrée en verres couleurs
A toi qui m'habites
dans l'aube des aigrettes
je souffle doucement
les notes mémoires de nos lendemains
A toi qui m'habites
et dont j'entends les vies
je tamise ta voix
en tableau de nuits
A toi qui m'habites
aux berges de tout ce qui est
je chante en amour
les jours de rires
A toi qui m'habites
et que je roule sous mes paumes
je verse dans ton corps
mes futurs en portée de notes
A toi qui m'habites
j'ai posé mes yeux sur ta bouche
et je me suis endormie
Mariem mint DERWICH
(Artiste : guy Denning)
lundi 28 juillet 2014
Lumières
Dans le magenta des choses non dites, des choses dévidées, des choses martelées
dans le violet des affrontements
il y a, en filigrane, la lumière
La lumière de ce qui est
et la lumière de ce qui fut
et la lumière de ce qui sera
Dans le safran des larmes il y a les mots, tous ces mots balbutiés
comme des poèmes d'amour soudains silencieux
langues craintives
et la lumière
la lumière de nous
en brisures sur la peau
La lumière de ce qui est
et la lumière de ce qui fut
et la lumière de ce qui sera
Dans l'ocre des colères, il y a les gestes de nous, juste là
jamais loin, toujours blottis derrière nos yeux
en miroirs douceurs de nos batailles
et la musique
la musique de nous
en portées sur nos bouches
La lumière de ce qui est
et la lumière de ce qui fut
et la lumière de ce qui sera
J'entends ta voix, à jamais devenue ma voix
J'entends ton souffle a jamais devenu mon souffle
J'entends tes chants, moi devenue ton chant
et toi devenu mon chant
Regarde moi ouvrir les bras jusqu'à porter le ciel, les nuages, les oiseaux
et toi
toi qui m'est bijou
amour
papillon
duvet
douceur
La lumière de ce qui est
et la lumière de ce qui fut
et la lumière de ce qui sera
Je t'aime
Mariem mint DERWICH
(Artiste : Barbara BEZINA)
dimanche 27 juillet 2014
Les petits mots
Les petits mots, les petits mots beignets, sucre,
les petits mots chauds, en corps d'enfants arrondis
Ces petits mots, et tous les autres petits mots,
les mots des mondes et les mots des mers
enfilés sur les épines des mots des riens
Les petits mots moucharabiehs, petits mots des yeux
les petits mots en écritures déployés
Ces petits mots des aurores, des soleils, des arbres
les mots de la bouche et les mots des coeurs
ciselés aux oreilles des danseurs de mots
Les petits mots, petits pots, petites perles
les petits mots en ailes des anges
Ces petits mots des enfants, des murs, des rires
les mots de lait et les mots de miel
caressés aux paupières des passeurs de mots
Les petits mots, mots marmites, mots riz
les petits mots en odeurs parfums
Ces petits mots des mariés, des jambes, des soupirs
les mots de toutes les nuits des mots
teints en mots indigos
les petits mots, tous les petits mots, les mots sourires
les petits mots naïfs, les petits mots langues
Les petits mots pointus, les petits mots amoureux, les mots arc en ciel
Et sur ta peau je les écris...
Mariem mint DERWICH
(Artiste : E. BRISSON)
Inscription à :
Articles (Atom)