jeudi 9 février 2017

Ma lettre infinie....présents....

Tu étais où il y a trente ans, quand j'étais cette jeune femme insolente, rieuse, gaie, si gaie, cette jeune femme à qui le monde appartenait, qui n'avait peur de rien, qui rêvait d'horizons lointains, d'une maison immense, d'enfants courant partout, cette jeune femme jamais fatiguée, qui arpentait sa vie comme une aventure perpétuelle? Celle qui t'aurait offert plein de bébés, une vie? Celle qui aurait été tienne et eux et nous?
Mais comme tu le dis, pas de regrets. Les regrets sont des cimetières, juste des charniers.
Seul le présent est. Il nous rend à l'urgence du moment. Il est juste présent. Et dans ce présent tu es, nous sommes. Malgré tout, malgré tout.
Cadeau du temps que ce présent qui entend aussi les passés. Mais qui n'en fait pas une frustration. Juste une belle image chaude où tu aurais été, posé dans ma vie d'alors. Pas de " et si...". Juste "et...".
Je t'ai attendu pendant toutes ces années. J'ai parcouru le monde, j'ai mis au monde des enfants merveilles, j'ai brisé les heures. Je me suis préparée pour toi. Je ne le savais pas mais tu étais sur ma route, toi aussi arpentant tes vies, offrant des enfants au monde.
Je t'ai écrit pendant toutes ces années. Je me suis écrit pour me rappeler qu'une jeune femme vivait toujours, grand éclat de rire, corps impatient, mains qui fourmillent.
Tu es ma mémoire mon amour. Ma mémoire. Si je ne t'avais pas écrit tu n'existerais pas. Je n'existerais pas. Je t'ai donné un corps, une texture. Tu aimais d'autres femmes, tu vivais. Je te créais.
Je t'imaginais.
Je t'ai écrit tellement fort pendant ces années de mes guerres que tu as fini par entendre mes mots.
Et je m'émerveille quand tu les lis ces mots du présent. Je me fais lecture.
J'ai croisé d'autres hommes, d'autres mais ils n'avaient pas ce regard qui m'aurait dit " Je suis là".
Toi tu l'as. Tes yeux ont percuté mes mots. Et de mes mots tu m'as fait naître. Et en mes mots je te respire.
Tu me fais un bien fou. Parce que tu m'aimes ( quand m'a t'on aimé vraiment?). Parce que je t'aime. Parce que tu m'es stabilité, gentillesse, affection, humour, sexe, permanence.
Parce que tu as ces petits gestes qui disent l'homme que tu es, mon immensité à moi.
Tout à l'heure j'écoutais ta voix quand tu racontais tes batailles. Elle m'est cadeau. Et dans cette voix qui me chavire je mettais en dessin l'homme malheureux. Toutes ces voix de toi qui te racontent.
Je tombe amoureuse de toi tout le temps. Tout le temps. C'est extraordinaire. C'est vivifiant. C'est puissant. Tu es mon essentiel. Ma plénitude. Ma vague.
Je n'arrêterai pas de te le dire. Je ne peux pas arrêter de te le dire. Ma lettre infinie entamée il y a si longtemps est devenue lettre de la paix, lettre du plaisir de toi...
N'être que cette femme devenue tienne, Qui est heureuse d'être tienne. Qui te remercie d'être dans sa vie. Qui est heureuse d'être ta frontière. Celle qui te parle et te fait l'amour. Celle qui te porte. Celle qui a abandonné les armes et qui te regarde, qui apprend la confiance, qui apprend, qui apprend.
Je t'aime ma merveille d'homme, mon mien, mon moi, ma douceur, mon homme, mon tout.
Je t'aime.Tu me manques et j'aime ce manque. Il signifie que tu es là.
Je t'aime. Mes doigts à tes doigts, ma bouche à ta bouche, mon corps à ton corps.... Et toi mon infini....
Je t'aime. Tu me manques. Je t'aime.

Mariem mint DERWICH

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